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La Suisse salue la libération d’Ingrid Betancourt

La libération d'Ingrid Betancourt a fait la une de la presse internationale. Keystone

Le ministère suisse des Affaires étrangères a exprimé sa «joie» à la nouvelle de la libération par l'armée colombienne d'Ingrid Betancourt retenue depuis 6 ans par la guérilla colombienne. Avec l'Espagne et la France, la Suisse travaille depuis des années à la résolution de cette affaire.

La libération d’Ingrid Betancourt est «le fruit d’efforts tous azimuts et l’aboutissement d’un long processus», a déclaré jeudi Micheline Calmy-Rey. La ministre suisse des Affaires étrangères s’est félicitée de ce «grand succès» pour la présidence colombienne, même si les pays médiateurs (Suisse, France et Espagne) n’ont pas été mis au courant de l’opération.

Le rôle de la Suisse «n’est pas fini. Il y a encore des otages a libérer», a-t-elle ajouté. La Suisse va continuer à jouer le rôle qu’elle tient depuis cinq ans, «en étroite collaboration avec le gouvernement colombien».

Micheline Calmy-Rey a salué un succès d’équipe de tous les pays qui ont œuvré à la libération d’Ingrid Betancourt. «Je tiens à dire ma joie, car on était vraiment inquiet il y a encore quelques semaines», a-t-elle dit.

Opération d’infiltration

Ingrid Betancourt a été libérée mercredi par l’armée colombienne de plus de six années de captivité dans la jungle. L’otage franco-colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), enlevée le 23 février 2002, a été récupérée par un hélicoptère avec trois Américains et onze militaires.

L’opération de sauvetage a été menée par des soldats se faisant passer pour les employés d’une ONG. Elle constitue un coup d’éclat pour le président colombien Alvaro Uribe, critiqué à maintes reprises pour son intransigeance envers les FARC.

Ingrid Betancourt a raconté comment elle avait elle-même été dupée par les militaires en pénétrant, menottée, dans l’hélicoptère. Ce n’est qu’ensuite, à bord de l’appareil, qu’elle a vu ses ravisseurs désarmés et entendu un officier lui annoncer qu’elle était libre.

Le ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, a expliqué que les renseignements militaires avaient infiltré le mouvement de guérilla. Des soldats se sont présentés comme les membres d’un groupe humanitaire chargé de convoyer les otages par hélicoptère vers un autre camp pour y rencontrer le nouveau chef des FARC Alfonso Cano.

Médiation

Les diplomaties française, espagnole et suisse mènent depuis plusieurs années une mission de médiation pour faciliter les contacts entre l’Etat colombien et la guérilla. A l’annonce de la libération, le président de la République française Nicolas Sarkozy a d’ailleurs tenu à remercier la Suisse pour ses efforts.

Côté suisse, une figure ressort tout particulièrement: celle de Jean-Pierre Gontard, directeur adjoint de l’Institut universitaire d’études du développement (IUED) à Genève. Il œuvre depuis 2001 pour faciliter les contacts entre les FARC et l’Etat colombien, en vue de la création d’une zone démilitarisée et neutre.

Au fil des ans, Jean-Pierre Gontard a réussi à tisser un réseau de contacts en vue d’une paix durable en Colombie, pays ensanglanté par les FARC mais aussi par d’autres guérillas et des milices paramilitaires. Avec l’ancien consul français en Colombie Noel Saez, il a tenté ces derniers jours de rencontrer le chef de la guérilla colombienne pour résoudre la situation des otages.

Mais même avec toute la confiance des leaders de la rébellion, il n’a pas pu obtenir de libération, ni d’assouplissement des positions. Sur les ondes de la Radio romande, Jean-Pierre Gontard a d’ailleurs précisé que la libération d’Ingrid Betancourt était due à l’opération des forces armées colombiennes et non aux négociations qu’il mène actuellement avec les FARC.

swissinfo et les agences

La Colombie est l’un des pays prioritaires de la politique de paix et des droits humains de la Suisse, avec un budget annuel d’environ 2 millions de francs, complété par près de 4 millions de francs par an d’aide humanitaire de la DDC (coopération suisse).

Depuis 2002, la Suisse s’efforce de faciliter la mise en place d’un mécanisme de dialogue entre la guérilla des FARC et le gouvernement colombien pour la réalisation d’un accord humanitaire visant la libération des otages.

Depuis fin 2005, la Suisse accompagne, avec la Norvège et l’Espagne, les dialogues de paix entre le gouvernement colombien et la deuxième guérilla du pays, l’ELN (armée nationale de libération).

La Suisse soutient, en partenariat avec le Centre International de justice transitionnelle (ICTJ) de New York, les efforts de l’Etat colombien et des organisations de victimes pour mettre en place des mécanismes favorisant la pleine reconnaissance des crimes commis et la justice pour les victimes.

En partenariat avec un groupe d’ONG suisses, Berne soutient depuis fin 2001 un programme appelé SUIPPCOL («Suisse pour la paix en Colombie»), qui a pour but de renforcer les initiatives de la société civile pour la paix.

Ingrid Betancourt effectuera son premier voyage à l’étranger en France.

Elle s’y rendra vendredi après avoir retrouvé ses enfants à Bogota. Le voyage s’effectue à bord de l’Airbus présidentiel.

L’ex-otage doit être accueillie par le président de la République Nicolas Sarkozy.

En France, la mobilisation politique et publique pour sa libération a été particulièrement importante.

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