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La Suisse, vilain petit canard international

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La Suisse est en train de se refermer sur son cocon au lieu de tisser un réseau d'amitié et de soutien. Pour corriger le tir, un dialogue durable doit être instauré: c'est ce que demande la communauté des Suisses d'Allemagne.

Quelque soixante Suisses de l’étranger avaient fait le déplacement à Breisach, petite ville frontière près de Fribourg en Brisgau. C’est bien moins que lors de la rencontre 2008 à Rostock.

La crise économique y est peut-être pour quelque chose, selon l’hypothèse d’Elisabeth Michel, présidente de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) d’Allemagne. Mais le fait que la conférence annuelle a déjà eu lieu plusieurs fois dans cette région est peut-être aussi une raison.

En présence de trois parlementaires suisses et de représentants du Ministère des Affaires étrangères (DFAE) ainsi que de l’ambassade suisse à Berlin, les participants ont évoqué le dialogue avec les pays voisins. Les compétences des Suisses de l’étranger et leur bon usage ont également été débattus.

La Suisse se fait oublier

Les participants ont tiré de sévères constats sur la situation actuelle de la Suisse dans le concert des nations. «Notre pays n’est plus l’enfant modèle mais au contraire le souffre-douleur de la communauté internationale», regrette ainsi Peter Kaul, vice-président de l’OSE Allemagne et consul honoraire de Dresde.

Selon lui, la fermeture de consulats généraux à Dresde en 2006 et à Hambourg en 2009 n’a pas seulement eu des conséquences négatives sur les Suisses de l’étranger. Pour Peter Kaul, le dialogue entre la Suisse et l’étranger s’en est aussi ressenti. La Suisse est mal comprise, inexistante et son système n’est plus respecté.

La conférence de Breisach a bien évidemment abordé les disputes entre l’Allemagne et la Suisse à propos d’évasion fiscale. Les Suisses vivant en Allemagne sont de plus en plus souvent abordés à ce sujet. Les déclarations déplacées de part et d’autre n’ont pas arrangé les choses, ont rappelé les personnes présentes.

«Nous ne devons pas rester indifférents à cette disharmonie, poursuit Peter Kaul. Un franc sur deux gagné en Suisse vient de l’économie d’exportation.»

Peter Kaul propose de nommer davantage de consuls honoraires. Il estime que les associations et les organisations défendant les intérêts économiques, mais aussi des institutions comme Pro Helvetia, Présence Suisse et l’OSEC, active dans la promotion économique, devraient tisser un dense réseau de relations.

Réseau étendu

Ces idées ont suscité un écho général positif. Le conseiller d’ambassade Urs Hammer a ainsi déclaré que l’idée d’une extension du réseau de consuls honoraires était une option digne d’examen. Cela permettrait selon lui de combler certaines lacunes.

Urs Hammer a aussi tenu à dire sa gratitude aux Suisses de l’étranger, pour leur «contribution irremplaçable à la construction de ponts»: «Vous préparez le terrain et les contacts à une époque où les défis sont plus grands qu’auparavant.»

Ernst Steinmann, chef de la protection consulaire au DFAE, a de son côté tenté d’ouvrir quelque peu les «œillères européennes» des Suisses de l’étranger. Il a rappelé que la Suisse avait considérablement étoffé son réseau de représentations à l’étranger.

Manque d’informations

Invité à Breisach, le député socialiste bâlois Rudolf Rechsteiner a relevé que l’absence suisse à Bruxelles pénalisait l’industrie d’exportation suisse. «Les pays de l’Union européenne tiennent ensemble un dialogue intense que la Suisse ne remarque même pas.»

«Nous souffrons d’un énorme déficit en connaissances et en capacité à participer aux décisions, par exemple dans le domaine scientifique», a déploré le Bâlois. Toni Brunner, président de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) confirme l’impression que les Suisses sont de plus en plus mal perçus.

Après une pique contre la politique étrangère de la Suisse, menée par une ministre socialiste, il a expliqué son message: selon lui, la Suisse doit être plus sûre d’elle lorsqu’elle se présente à l’étranger.

La crise en arrière-fond

Le député radical (PRD / droite) Markus Hutter voit quant à lui des raisons aux tensions actuelles dans le contexte global de crise économique. «Nous sommes un petit pays riche, note-t-il. Les autres pays nous ont dans le collimateur. Soudain, le ton change et on veut redéfinir l’entraide administrative…»

Paul Rechsteiner insiste: «Ne jouons pas les vierges effarouchées et parlons aux autres.» Les Suisses de l’étranger, ambassadeurs de base, ont assurément un grand rôle à jouer dans cette partition.

Gaby Ochsenbein, Breisach, swissinfo.ch
(Traduction et adaptation de l’allemand: Ariane Gigon)

Quelque 75’500 Suisses vivent en Allemagne, dont 46’800 sont doubles citoyens. 3000 d’entre eux sont organisés en associations, soit 8% de moins qu’une année plus tôt.
L’Allemagne compte 40 associations et clubs suisses.
L’assemblée des Suisses d’Allemagne aura lieu à Brauschweig en 2010.

1990: Casablanca

1993: Lomé



1995: Bregenz, Le Havre, Dijon, Curitiba



1996: Fribourg en Brisgau, Windhoek



1998: Annecy, Nice, Besançon, Palma de Mallorca, Malaga



2000: Venise



2003: Johannesburg



2004: Mulhouse



2005: Manchester, Amsterdam



2006: Dresde, Las Palmas, Melbourne, Houston



2007: Naple



2008: Bordeaux



2009: Hambourg

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