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Le vote par correspondance dope la participation

Le vote par correspondance est mieux adapté au mode de vie actuel. Keystone Archive

Dernier canton à avoir introduit le vote par correspondance facilité, Vaud a vu ses taux de participation bondir.

Ce constat est généralement valable dans les 20 autres cantons qui ont adopté le même système.

Le responsable des votations et élections du canton de Vaud en est encore surpris. «Nous ne nous attendions pas à un succès aussi prompt, moins d’une année seulement après avoir introduit le vote par correspondance facilité!»

Alors que les taux de participation du canton de Vaud se situaient plutôt à la traîne, le taux moyen dépasse désormais de 3 points la moyenne suisse. «Ce qui fait que nous avons gagné 10 points, se réjouit Bernard Muhl. Cela a dopé la participation.»

A titre de comparaison, l’introduction en 1995 à Genève du fameux vote par correspondance automatique (par opposition au vote par correspondance sur demande expresse du citoyen) a entraîné une augmentation de 20% de la participation.

Bâle-Campagne, pionnier en la matière

Le canton de Vaud a mis du temps à se rallier à ce système de vote. Pionnier suisse en la matière, Bâle-Campagne l’a introduit en 1979 déjà, rapidement suivi par Appenzel-Rhôdes Intérieures, Soleure et Saint-Gall.

La plupart des autres cantons l’ont fait au cours de la première moitié des années 90. Les cantons romands, à l’exception de Genève, ont quelque peu tardé.

Face au déclin de la participation citoyenne, tous, sauf le Tessin et le Valais, ont instauré ce système. Et effectivement, il correspond au mode de vie actuel.

Tout citoyen, même conscient de ses devoirs civiques, n’a pas nécessairement envie de compromettre son dimanche matin pour aller déposer son bulletin dans l’urne du bureau de vote communal.

Sans compter que les plus jeunes comme les personnes âgées ou à mobilité réduite préfèrent de loin pouvoir voter depuis chez eux, au moment où ils le souhaitent.

Une différence ville-campagne

Dans le canton de Vaud, on ne s’attendait pas non plus à voir 93% des votants choisir ce nouveau système. On peut vraiment parler d’un franc succès, constate Bernard Muhl.

Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique, ce succès est équivalent à celui des cantons leader en matière de vote par correspondance (95,4% à Lucerne, 97,2% à Bâle-Ville et 96,3% à Genève).

Mais le fonctionnaire vaudois n’est pas au bout de ses surprises. Il prévoyait que, dans les communes rurales où la cérémonie du vote est en quelque sorte coutumière, une plus grande proportion de la population continuerait à se rendre au bureau de vote le dimanche.

Or il n’en est rien, la différence entre les citadins et les villageois est minime (environ 5%). «Une forte majorité des campagnards a donc aussi opté pour le vote à domicile», remarque-t-il.

Mais ce n’est pas le cas partout. En ville de Porrentruy (JU) par exemple, où ce système n’a été adopté qu’à fin 1999, seul un bon quart des citoyens l’a choisi. Contre une moyenne de 41% pour tout le canton.

«En Ajoie, nous sommes des gens de contact, observe une scrutatrice de la petite bourgade. Aller déposer son bulletin reste une tradition forte.»

Coûts nuls pour les chancelleries

Et puis, si le vote par correspondance automatique dope les taux de participation, il n’en coûte rien de plus aux cantons qui l’ont adopté. Tous s’accordent à le dire.

Selon Bernard Muhl, les surcoûts au niveau des frais de matériel et d’envoi sont compensés par la diminution des coûts de fonctionnement des bureaux de vote, quasiment dépeuplés.

Coûts accrus pour les acteurs politiques

Mais tout le monde ne gagne pas au change. Les partis politiques, les syndicats et surtout certaines associations déboursent des sommes plus importantes pour transmettre leurs mots d’ordre sur les objets mis en votation.

Partout où le vote par correspondance s’est généralisé, on a constaté que les campagnes de communication devraient être mises en route en moyenne une semaine auparavant. Ce qui coûte bien entendu plus cher, les voies choisies étant en général l’affichage public ou les encarts dans la presse.

«La loi fédérale oblige les chancelleries à envoyer le matériel de vote quatre semaines avant le scrutin. Et, précise Bernard Muhl, comme un petit quart des votants renvoient leur bulletin dès la première semaine, la propagande doit donc se faire en amont.»

Ce sont donc les petites formations politiques ou les groupes d’intérêts aux appuis financiers plus modestes qui en pâtissent essentiellement. Ceci dit, plus de la moitié des citoyens attendent la dernière semaine avant le scrutin pour s’exprimer.

swissinfo, Anne Rubin

– Seuls les cantons du Tessin et du Valais n’ont pas encore introduit le vote par correspondance facilité.

– Le premier canton à l’avoir fait est Bâle-Campagne en 1979.

– Le dernier en date est le canton de Vaud.

– Les cantons latins se sont ralliés à ce type de scrutin après la Suisse alémanique.

– Le vote par correspondance facilité permet souvent d’élever le taux de participation.

– En 2002, le taux moyen de participation était de 48%. Il est de 29% en 2003.

– Les citadins recourent d’avantage à cette pratique que les villageois.

– La moitié des bulletins sont renvoyés lors de la semaine précédant la votation.

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