Pas de vrai vainqueur en Allemagne
La presse suisse constate que l'Allemagne se trouve dans l'incertitude après les législatives de dimanche. La formation d'une vaste coalition semble incontournable.
Malgré leur léger avantage sur les socialistes (SPD) du chancelier Gerhard Schröder, les conservateurs (CDU/CSU) d’Angela Merkel font figure de perdants.
Selon les résultats officiels provisoires, la CDU/CSU recueille 35,2 % des voix contre 34,3 % au SPD.
Les élections législtives de dimanche en Allemagne n’ont donc pas débouché sur un résultat clair. Certes La formation emmenée par Angela Merkel arrive en tête. Mais son avantage est si ténu que les candidats en lice sont tous deux en mesure de revendiquer la chancellerie.
Le Blick ne s’y trompe d’ailleurs pas en titrant: «une Allemagne, deux chanceliers».
Les failles d’Angela Merkel
En juin dernier, Angela Merkel caracolait encore en tête des sondages. Compte tenu de ses résultats de dimanche, elle fait donc figure de grande perdante des élections, comme le relèvent la plupart des journaux suisses. La Liberté de Fribourg parle même de l’«humiliation d’Angie».
La Neue Zuercher Zeitung reconnaît qu’Angela Merkel a certes encore de bonnes chances de devenir la première chancelière de l’Allemagne. Elle est cependant «la véritable perdante de l’élection», note le grand quotidien zurichois.
Cet avis est partagé par Le Temps qui écrit: «la CDU pourrait redevenir de justesse le parti le plus fort au parlement, mais avec un score si décevant que sa pâle patronne en est laminée.»
Schröder vainqueur psychologique
Pour les analystes, ce résultat s’explique par la mauvaise stratégie adoptée par la candidate de droite durant la campagne. «Merkel a fait de nombreuses erreurs dans la campagne, relàve ainsi Le Matin. Elle a notamment annoncé une augmentation de la TVA de 2 points et la taxation des primes de nuit.»
La candidate de droite a également connu des manques dans sa communication. «Elle a oublié ou n’a pas su mettre en valeur la partie humaine et sociale de son programme», souligne La Liberté.
A contrario, le candidat de gauche Gerhard Schöder fait figure de vainqueur de ce scrutin, même s’il a récolté moins de voix que sa rivale.
«En se montrant particulièrement pugnace hier soir, le chancelier sortant n’as pas seulement réussi à gommer son échec, il s’est d’ores et déjà placé comme l’interlocuteur incontournable d’une grande coalition», estime la Tribune de Genève.
«Le SPD de Schröder a perdu, mais le chancelier, hier dans les cordes, s’est une fois encore relevé, au point d’être le vainqueur psychologique de ces élections», conclut Le Temps.
Coalition nécessaire
Reste qu’au-delà des résultats, c’est une Allemagne en plein doute politique qui apparaît en ce lendemain d’élections. «Berlin est dans la confusion la plus totale. Qui va gouverner le pays dans les quatre prochaines années?», se demande Le Matin.
La situation politique est donc difficile. La Neue Zuercher Zeitung n’hésite d’ailleurs par à parler du «pire vote pour l’Allemagne». La Tribune de Genève est du même avis: «coupée en deux, déboussolée, l’Allemagne n’est pas prête de sortir de l’ornière politique.»
S’ils entendent gouverner, les deux candidats n’ont pas le choix. Ils doivent impérativement passer par la formation d’une vaste coalition. Mais la chose ne sera pas simple. «C’est maintenant le début de difficiles négociations de coalition dans lesquelles toutes les combinaisons sont possibles», avertit la Basler Zeitung.
Le Tages Anzeiger, constate pour sa part que les deux candidats, même s’ils sont très différents, ont plaidé pour des réformes. Les deux savent qu’elles sont nécessaires pour résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays.
Une solution à la… suisse
Mais pour le Tages Anzeiger, la mise en place de réforme sera très difficile. «Une telle politique demande de maintenir un cap et d’être proche du peuple. Schröder manque de cap et Merkel de popularité», note le quotidien zurichois.
Il Corriere del Ticino relève également que les deux candidats auront du mal à s’imposer. En sept ans de pouvoir, le chancelier Schröder n’a pas été en mesure de présenter un bon bilan, principalement dans le domaine de la lutte contre le chômage, écrit le quotidien en langue italienne. Quant à Angela Merkel, elle n’a pas réussi à convaincre l’électorat avec des recette pour relancer l’économie.
La solution, ce sera donc peut-être d’adopter une politique telle qu’elle se pratique en Suisse. «L’Allemagne a maintenant besoin d’un chancelier qui sait, comme ont le fait si bien en Suisse, trouver une majorité par-dessus les camps», conclut le Blick.
swissinfo, Olivier Pauchard
key facts:
CDU/CSU: 35.2%
SPD: 34.3%
FDP:9.8%
Autres partis de gauche: 8.7%
Verts: 8.1%
Participation: 77.7% sur plus de 60 millions d’électeurs
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.