Rapprochement entre Berne et Bagdad
Les ambassades de Suisse et d'Irak vont rouvrir leurs portes, fermées depuis une décennie. Mais Berne et Bagdad n'ont pas rompu le dialogue.
C’est en février que Bagdad a officiellement demandé de pouvoir rouvrir son ambassade à Berne. Aujourd’hui, le ministère helvétique des Affaires étrangères confirme lui avoir donné son feu vert.
Des raisons administratives et financières
Souvenez-vous, en décembre 1990, les Irakiens décident de fermer leur représentation diplomatique en Suisse. Officiellement pour des raisons «administratives et financières». Pour autant, ils conservent leur mission auprès des Nations Unies, à Genève.
Trois jours avant le début de la Guerre du Golfe, la Suisse retire ses représentants de Bagdad. Par la suite, la Suisse se ralliera aux embargos internationaux décrétés par l’ONU contre le régime de Saddam Hussein.
Mais jamais les deux capitales ne rompront leurs relations diplomatiques.
Le programme «pétrole contre nourriture»
C’est en 1999 que les relations entre Berne et Bagdad commencent à se réchauffer.
Pendant l’été, une délégation dirigée par l’ambassadeur Nicolas Imboden se rend en Irak pour évaluer les tenants et aboutissants du programme «pétrole contre nourriture» mis en place par l’ONU.
Et, à la fin de l’année suivante, le gouvernement suisse décide d’ouvrir un bureau de liaison à Bagdad.
Outre la préoccupation humanitaire, ce bureau a pour tâches de recueillir des informations de première main et de rétablir un contact direct avec les autorités irakiennes.
Une bonne nouvelle pour les entreprises suisses, surtout pour celles qui exportent des produits pharmaceutiques, hospitaliers et alimentaires.
En effet, contrairement à nombre de leurs concurrentes, elles ne pouvaient compter sur aucun relais officiel sur place.
A quand la réouverture de l’ambassade?
Ce bureau de liaison ne compte actuellement que deux expatriés suisses (un représentant consulaire et un délégué humanitaire) appuyés par une poignée de collaborateurs locaux.
Au ministère des Affaires étrangères, on n’exclut pas une augmentation du personnel en place à Bagdad. Ce qui ne signifie pas encore la réouverture formelle de l’ambassade.
De son côté, la Direction du développement et de la coopération (DDC) est en train d’évaluer les conditions de son travail et l’efficacité de son soutien, en vue de le réorienter si nécessaire.
Jusqu’à présent, la DDC n’est pas intervenue directement sur le terrain. Son appui financier (5 à 6 millions de francs par année) passe en priorité par des organisations comme le Comité international de la Croix-Rouge et le Programme alimentaire mondial.
«Notre but initial, explique Jean-François Golay de la DDC, consistait à soutenir le réseau de santé primaire, particulièrement l’aide nutritionnelle aux mères et aux enfants.»
Et d’ajouter: «Peu à peu, nous prenons également en compte les problèmes d’eau potable et d’assainissement».
Médiation suisse entre l’Irak et les Etats-Unis
L’évolution de la présence helvétique en Irak dépend évidemment des événements politiques ou militaires qui pourraient se dérouler sur place.
A en croire les déclarations faites par le ministre irakien des Affaires étrangères dans les colonnes de la «Neue Zürcher Zeitung», Bagdad verrait d’un très bon œil une médiation helvétique dans le différend qui l’oppose à Washington.
Encore faudrait-il que les Etats-Unis y donnent leur aval. Et la Suisse aussi. Or, à Berne, on ne voit aucune raison de jouer les intermédiaires entre ces deux pays.
Vu la prochaine entrée de la Suisse à l’ONU, on souhaite, dit-on, s’aligner sur les décisions du Conseil de sécurité.
swissinfo/Bernard Weissbrodt
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