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Une élection sans le peuple

Le successeur de Ruth Dreifuss sera élu durant la session d'hiver du Parlement, au début du mois de décembre.

En effet, le peuple n’a rien à dire quant au choix de l’exécutif national. C’est une particularité suisse.

Le successeur de Ruth Dreifuss sera très certainement socialiste. Selon une règle non écrite datant des années 50 (la «formule magique»), le collège gouvernemental se compose de deux radicaux, deux socialistes, deux démocrates-chrétiens et un démocrate du centre.

Pas encore de portrait-robot

Cette répartition correspond à la force des différents partis sur l’échiquier politique. Or, le parti socialiste se maintient, voire progresse. Selon de récents sondages, il est crédité de près du quart des intentions de votes pour les élections fédérales de l’an prochain.

Dans ce contexte, il est peu probable que les socialistes perdent l’un de leurs deux sièges. En revanche, il est pour l’heure difficile de pousser plus avant l’établissement du profil du candidat idéal.

Il n’est en premier lieu pas sûr que le successeur soit romand. En effet, avec Joseph Deiss et Pascal Couchepin, les Romands ont déjà leur quota de ministres.

Logiquement, le nouveau ministre devrait être italophone. Cette minorité n’est en effet plus représentée au gouvernement depuis le départ de Flavio Cotti.

Autre question importante depuis quelques années: celle du sexe. Les socialistes se sont longtemps battus pour une présence féminine au Conseil fédéral. Or, même avec le départ de Ruth Dreifuss, cette présence est assurée par la démocrate-chrétienne Ruth Metzler.

Un choix difficile

Les socialistes ont donc deux mois pour trouver le candidat idéal. La mission n’est pas facile. Ils devront déterminer s’ils entendent absolument placer une 2e femme au gouvernement et quelle doit être l’origine linguistique de leur candidat.

Théoriquement, tout citoyen suisse peut prétendre au poste de conseiller fédéral. Dans les faits, le nouveau ministre est le plus souvent choisi dans les rangs de parlementaires fédéraux.

Mais il y a des exeptions. Ainsi, Ruth Dreifuss venait des milieux syndicaux. Autres cas, plus récent, Ruth Metzler est passée directement d’un gouvernement cantonal au Conseil fédéral sans faire d’étape au Parlement.

Une fois l’oiseau rare trouvé, celui-ci devra encore être officiellement désigné candidat officiel lors d’une assemblée de parti.

Election à plusieurs tours

Mais le dernier mot revient à l’Assemblée fédérale (Conseil national et Conseil des Etats réunis).

L’élection du futur conseiller fédéral se fait en plusieurs tours. Les deux premiers tours sont libres et permettent à plusieurs candidats de se présenter.

Dès le 3e tour, aucun nouveau candidat n’est accepté et l’élimination commence. A chaque nouveau tour, le candidat qui a obtenu le moins de voix est éliminé, ainsi que tous ceux qui ont moins de dix voix.

En fin de compte, l’Assemblée fédérale choisit entre les deux candidats restants. L’élection pourrait aussi se terminer plus tôt, au cas où un candidat obtiendrait la majorité absolue (plus de la moitié des voix).

Mais ce dernier cas de figure est de plus en plus rare. Les dernières élections au Conseil fédéral ont toujours été serrées.

A remarquer que le candidat officiel d’un parti n’est pas assuré de passer la rampe. En 1993, la majorité bourgeoise avait préféré Francis Matthey à la candidate officielle du parti socialiste Christiane Brunner. Il s’en était suivi une sorte de psychodrame politique qui avait finalement conduit à l’élection d’une certaine… Ruth Dreifuss.

swissinfo/Olivier Pauchard au Palais fédéral

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