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Une loi sur l’asile «inhumaine, inutile et coûteuse»

Les représentants de la Coalition pour une Suisse humanitaire lors du lancement de leur campagne, lundi à Berne. Keystone

Non seulement la loi sur l'asile, soumise au vote le 24 septembre, ne respecte pas la dignité humaine, mais en plus elle ne résout pas les problèmes, estime la Coalition pour une Suisse humanitaire.

Pour convaincre les Suisses de voter non, la coalition mise notamment sur un comité qui réunit environ 80 personnalités, dont l’ancien président du CICR Cornelio Sommaruga.

La coalition, qui réunit 36 organisations, a lancé, lundi à Berne, sa campagne contre le durcissement prévu dans les domaines de l’asile et des étrangers.

Selon elle, la nouvelle loi sur l’asile «brasse de l’air, est une injure à l’humanité, frappe au mauvais endroit, pousse à l’illégalité, surcharge les cantons… Bref: elle coûte cher et ne sert à rien».

Le texte soumis au peuple est «à côté du sujet» et «exagère la notion et l’ampleur des abus», souligne Daniel Bolomey, secrétaire général de la section suisse d’Amnesty International.

Ce dernier regrette que la question de la négociation d’accords de réadmission avec les pays d’origine et de la collaboration avec l’Union européenne pour résoudre le problème des renvois ait été négligée.

De nouveaux problèmes vont apparaître, en raison notamment du tour de vis apporté en matière de papiers d’identité. Les personnes qui en sont dépourvues, justement parce qu’elles ont dû fuir le danger dans la précipitation, risquent d’être privées de protection.

Les requérants déboutés seront poussés dans la clandestinité et menacés de tomber à la rue puisqu’ils n’auront plus droit à l’aide sociale. Les cantons risquent alors aussi de faire les frais de la situation.

Tradition humanitaire

Le doublement, jusqu’à deux ans, de la durée des mesures de contraintes en vue du renvoi a également été jugé disproportionné, tant sur le plan humain que financier.

Les représentants des Eglises ont, pour leur part, insisté sur l’importance de la tradition humanitaire, de la solidarité et de la dignité humaine.

Le respect de la dignité humaine est «une valeur centrale de la foi chrétienne, de notre culture et de notre système juridique», ont fait valoir Dölf Weder, président du Conseil de l’Eglise évangélique réformée de St-Gall, et Thomas Wallimann, de la commission Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses.

Droit international

Dans la foulée, les deux hommes se sont défendus contre les reproches de naïveté et d’hypocrisie émis entre autres par le ministre démocrate du centre (UDC, droite dure) Christoph Blocher.

Par leur expérience sur le terrain, les Eglises connaissent parfaitement la situation des étrangers et des requérants d’asile, a rétorqué Dölf Weder.

La coalition est par ailleurs décidée à battre en brèche l’idée, propagée par les partisans de la nouvelle loi mais fausse selon elle, que la constitution et le droit international sont respectés.

Il est également erroné de penser que la Suisse n’est pas plus dure que les autres pays, note Jürg Schertenleib, de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR).

Sondage d’opinion

Selon un sondage d’Isopublic publié dans la presse dominicale, une majorité de Suisses serait favorable au durcissement de la loi sur l’asile. A ce jour, 43% des personnes interrogées sont pour la loi. 30% la rejettent. Et 27% sont encore indécis.

«Ce résultat n’est pas une surprise, commente lundi Jürg Schertenleib. Si on le compare à un sondage réalisé cinq semaines avant le rejet par le peuple de l’initiative de la droite dure pour un durcissement de la politique d’asile, en 2002, nous obtenons un résultat légèrement meilleur cette fois-ci. Nous pouvons donc remporter cette votation, mais il faut travailler dur.»

80 personnalités

«Pour atteindre notre objectif, nous misons sur une campagne d’affichage et des annonces dans la presse, précise Jürg Schertenleib à swissinfo. Plusieurs personnalités ont prêté leur visage et leur nom pour soutenir notre action.»

La coalition a lancé un comité citoyen qui réunit pour l’instant environ 80 personnalités issues des Eglises, de la culture et du monde universitaire. Parmi elles, l’ex-président du CICR Cornelio Sommaruga et l’historien Jean-François Bergier.

La Coalition pour une Suisse humanitaire dispose actuellement de quelque 400’000 francs pour mener campagne et espère réussir à récolter à terme 600’000 francs au total.

Les lois sur l’asile et les étrangers sont en outre combattues par le Comité pour le double non – présidé par l’ancienne ministre socialiste Ruth Dreifuss – ainsi que par un comité bourgeois.

swissinfo et les agences

– Approuvées en décembre 2005 au parlement, les révisions des lois fédérales sur l’asile et sur les étrangers ont été attaquées par référendum. Elles seront soumises au peuple le 24 septembre.

– La loi sur l’asile supprime l’aide sociale aux requérants dont la demande a été refusée et double la période maximale de détention en attente d’un renvoi forcé, pour la porter à deux ans.

– Elle supprime également l’admission pour motifs humanitaires. En revanche, elle facilite le regroupement familial et l’accès au marché du travail pour les requérants admis à titre provisoire.

– La loi sur les étrangers privilégie les citoyens de l’Union européenne et limite l’admission des autres immigrants aux seuls travailleurs qualifiés.

– Elle marque également un durcissement des conditions pour l’octroi des permis de travail et pour le regroupement familial.

La Coalition pour une Suisse humanitaire réunit 36 organisations de la société civile suisse, notamment Amnesty International, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), la Fondation Terre des Hommes, ainsi que plusieurs œuvres d’entraide et les Eglises.
Elle coordonne et organise la campagne nationale contre la loi sur l’asile.

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