Démographie: la facture du «baby-boom»
Le débat sur la révision de l'AVS promet d'être plus vif encore. L'Office fédéral de la statistique (OFS) dresse de sombres scénarios: la population vieillira à un rythme accru d'ici à 2060. En effet, la génération du baby-boom va atteindre l'âge de la retraite dès 2005. Et la population active diminuera dès 2015.
Le vieillissement de la population se confirme. A l’horizon de 2060, les plus de 65 ans auront augmenté de plus de 50% alors que les zéro à 64 ans n’auront augmenté que de 11%. Autrement dit, la fameuse pyramide des âges est peu à peu en train de se faire la tête au carré.
Les experts de l’OFS ont présenté vendredi à Berne une série de trois scénarios démographiques. Selon le scénario de référence, et si les tendances actuelles se maintiennent, la population suisse passera de 7,2 millions d’habitants à 7,4 millions en 2028. Au-delà, le solde migratoire ne parviendra plus à compenser le déficit des naissances par rapport aux décès et l’effectif devrait retomber à 7,1 millions jusqu’en 2060.
La fécondité, stabilisée depuis une vingtaine d’années à 1,5 enfant par femme, ne devrait pas évoluer beaucoup à l’horizon 2060. L’espérance de vie (qui a fait un bon spectaculaire au 20e siècle) va continuer de s’améliorer, mais plus lentement. En outre, l’écart entre hommes et femmes tend à se réduire. Quant au flux migratoire (calculé avec une grande prudence), il ne devrait pas permettre de compenser la diminution du nombre des Suisses actifs.
Ainsi, s’il y a aujourd’hui un retraité pour quatre actifs, il n’y en aura demain plus que deux. Le phénomène s’amorcera en 2015 où, pour la première fois, la population active reculera, et ce malgré l’engagement accru des femmes, qui seront 4 sur 5 dans le monde du travail en 2060.
«Ce phénomène est absolument inéluctable, mais il est prévisible, de sorte que la Suisse peut s’adapter à cette nouvelle donne», commente Stéphane Cotter, de l’OFS. Et de regretter que, «malheureusement, nous avons déjà pu constater que les instances politiques ne réagissent pas assez rapidement».
Petite consolation, la Suisse est parmi les pays qui s’en sortent le mieux en Europe, grâce au flux migratoire. Reste que l’avertissement est clair: il faut se préparer à un total bouleversement du rapport entre les générations. Et, surtout, trouver de nouvelles recettes à l’actuel système de solidarité entre salariés et retraités.
Il y a donc fort à parier que le débat, déjà très vif, autour de la 11e révision de l’assurance vieillesse a de beaux jours devant lui.
Isabelle Eichenberger
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