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Guerre de la baleine: les bons offices de la Suisse

Bien qu'elle ne soit pas directement concernée, la Suisse s'occupe de protection des baleines depuis 1946. Keystone

La Suisse se dit prête à jouer le rôle du médiateur, au Japon, lors de la prochaine session de la Commission baleinière internationale.

Que vont donc faire les Suisses dans cette baleinière? Passe encore que l’évocation d’une marine suisse laisse incrédules des interlocuteurs mal renseignés. Mais s’occuper des baleines quand on n’en a pas chez soi et qu’on est loin des côtes, voilà qui peut faire sourire, tous fanons dehors!

«C’est vrai qu’on nous trouve parfois exotiques», confesse Thomas Althaus, chef de la conservation des espèces à l’Office vétérinaire fédéral. Et qui, à ce titre, participera à la conférence de Shimonoseki, au Japon.

Et d’expliquer que, lorsque la Suisse a adhéré à la Convention de 1946 pour la réglementation de la chasse à la baleine, elle pensait pouvoir se rendre utile à la mise en place d’un moratoire. C’était une manière de prouver sa solidarité dans la lutte contre les abus et les massacres de cétacés.

Seuls deux autres pays sans littoral sont membres de la Commission, à savoir l’Autriche et Saint-Marin. Faut-il continuer à en faire partie? Berne s’est posé la question. Et a conclu que s’en retirer donnerait un faux signal. La Suisse veut encore assumer sa part de responsabilités mondiales.

Le moratoire reste de règle

Cette Convention n’est ni une loi sur la chasse ni un traité pour la protection des baleines, même si elle y contribue. Son objectif est d’assurer une exploitation durable de certains peuplements baleiniers en recourant à des méthodes modernes de gestion.

Depuis 1986, la chasse commerciale est soumise à un moratoire. Cette interdiction avait été décidée pour dix ans. Mais sa levée dépend en fait de certaines conditions comme la taille des populations baleinières ou l’efficacité des méthodes de gestion. Jusqu’à nouvel avis, le moratoire reste donc de règle.

Cela d’autant plus que certains pays, comme l’Australie, semblent exclure toute idée de gestion et prôner une interdiction définitive. Alors que pour d’autres, emmenés par le Japon, la chasse à la baleine fait partie intégrante de la défense des intérêts économiques nationaux.

Position suisse critique et constructive

Dès lors, on comprend mieux pourquoi la Suisse, du fait même de sa situation géographique, se retrouve dans une position de médiateur potentiel entre ces arguments apparemment inconciliables. A Shimonoseki, comme à Londres l’an dernier, les points de vue que défend sa délégation se veulent même assez clairs.

S’agissant, tout d’abord, des espèces baleinières menacées de disparition, la Suisse reste en faveur d’une reconduction du moratoire et des mesures de protection. Pour les autres, la reprise d’une chasse commerciale très limitée ne devrait être autorisée que si ce prélèvement ne nuit pas à la survie de l’espèce ni à l’écosystème.

Des moyens de contrôle complexes

On n’en est pas encore là, explique Thomas Althaus. Les discussions actuelles ne portent pas sur les aspects biologiques. Mais sur la nature et l’efficacité des moyens de contrôle et de surveillance si le moratoire venait à être partiellement levé.

Comment calculer les quotas de capture? Faut-il imposer un observateur international sur chaque navire ou se satisfaire d’inspecteurs dans les ports? Un système d’identification des baleiniers par satellite est-il nécessaire? Faut-il créer un registre ADN des baleines capturées?

Thomas Althaus ne se fait guère d’illusions. «Il ne se passera rien cette année, on n’enregistrera pas de grands progrès.» Mais des projets de sanctuaires à baleines sont aussi à l’étude. La Suisse ne les soutiendra que s’ils sont scientifiquement justifiés. Et à condition que les États voisins concernés les approuvent.

swissinfo/Bernard Weissbrodt

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