Intempéries: les Suisses sur pied de guerre
Fortes pluies et vents violents. Les sols sont saturés d'eau. Les lacs et les rivières menacent de déborder. Les risques d'inondations existent bel et bien dans plusieurs cantons. Mais, pour l'heure, la situation reste sous contrôle.
Depuis plusieurs semaines, les prévisions météorologiques nous annoncent invariablement de la pluie. Des records de pluviométrie ont d’ores et déjà été battu. Il est tombé, par exemple, en ce mois de mars, 225 millimètres d’eau à Genève et 209 millimètres à Payerne. Alors que dans ces deux villes, les normes saisonnières sont respectivement de 68 mm et 60 mm.
Dans les cantons de Vaud et de Genève, ces abondantes précipitations ont déjà provoqué des inondations de champs et coupé des routes. Pourtant, les hydrologues gardent leur calme.
«Pour l’heure, affirme Christian Koch, porte-parole à l’Office fédéral des eaux et de la géologie, on peut écarter le risque de crues sérieuses. Mais, c’est vrai, la situation des lacs, notamment ceux de Bienne et de Neuchâtel, est préoccupante.»
Les lacs du pied du jura ont, en effet, atteint leur côte d’alerte. Les sols, déjà gorgés d’eau, ne peuvent plus absorber la moindre goutte supplémentaire. Or les prévisions météorologiques ne sont guères optimistes. Et la fonte de neige est à peine entamée.
Autrement dit, toutes les conditions sont réunies pour entretenir une situation alarmante. «D’autant que les lacs ont tendance à baisser lentement», précise Christian Koch.
Bref, il faudrait plusieurs jours de beau temps pour rétablir la situation. Une condition d’autant plus importante pour la région des trois lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat dont le salut dépend exclusivement de la météo.
En effet, le plan de correction des eaux du Jura – un programme qui régit le réseau hydrographique des cantons de Berne, Fribourg, Argovie, Soleure, Zurich et Neuchâtel – fait de cette région une zone tampon. En d’autres termes, en cas de crise, ces trois lacs seront les premiers que l’on laissera déborder pour éviter des inondations en chaîne au nord-ouest de la Suisse.
«C’est le barrage de Port, à la sortie du lac de Bienne, qui permet de régulariser les eaux de toute cette région», explique Jean-Claude Bader, responsable de l’hydrométrie et de la régulation des eaux du canton de Berne.
C’est au canton de Berne que le Conseil fédéral a donné la responsabilité de ce programme de gestion des eaux. «Conformément à notre mandat, précise Jean-Claude Bader, nous ne devons pas laisser couler un débit supérieur à 850 m3 seconde à la sortie du canton de Berne.»
En cas de flux supérieur les vannes du barrage de Port sont donc fermées ce qui entraîne automatiquement une surcharge d’eau dans la région des trois lacs.
Pour l’heure, dans cette région particulièrement vulnérable, comme partout ailleurs en Suisse, la situation est donc sous contrôle. Mais les hydrologues restent sur pied de guerre.
Les agriculteurs scrutent, eux aussi, le ciel avec inquiétude. Ils sont en effet, les premiers à subir les conséquences des pluies diluviennes. «il est difficile de faire un bilan, déclare Pierre Vullioud, de la Station fédérale de recherche en production végétale de Changins.
Une partie des céréales semées durant l’hiver et l’automne vont peut-être résister, estime l’agronome. Mais on ne sait pas dans quelle proportion. Quant un semis de printemps, ils ne peuvent pas être réalisés dans ces circonstances».
L’agriculture prend donc un retard qui risque de lui être préjudiciable. Semées tardivement, les jeunes pousses seront plus sensibles aux vagues de chaleur qui ne manqueront pas de toucher le pays au début de l’été.
Vanda Janka
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