L’école réfléchit avant d’agir

«Les résultats de l’étude vont être pris au sérieux», ont déclaré, jeudi à Berne, Hans Ulrich Stöckling (au centre) et Martine Brunschwig Graf (à dr.). Keystone

Selon une étude, les jeunes Suisses lisent mal. Les directeurs de l'Instruction publique entendent réagir, mais pas sans avoir procédé à de nouvelles enquêtes.

L’étude internationale PISA montre que les écoliers suisses atteignent un niveau de lecture assez moyen à l’issue de leur scolarité. Réunis jeudi à Berne, les directeurs cantonaux de l’instruction publique ont décidé de prendre le taureau par les cornes.

«Les résultats de l’étude vont être pris au sérieux», a ainsi déclaré Hans Ulrich Stöckling, président de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP). Mais pas question pour autant de foncer et de faire n’importe quoi.

Chaque chose en son temps

«Même trois mois après la publication des résultats de PISA, on ne peut pas et on ne doit proposer de mesures», souligne la Genevoise Martine Brunschwig Graf, vice-présidente de la CDIP.

Les autorités scolaires souhaitent faire évaluer et analyser les résultats de PISA à travers cinq études approfondies dans le courant de cette année.

Ces études permettront notamment de comparer le système helvétique avec ceux de pays qui enregistrent de meilleurs résultats en lecture (Australie, Nouvelle-Zélande, Finlande, Canada).

«Il ne suffit pas de savoir que les écoliers finlandais lisent mieux que leurs camarades suisses, explique Martine Brunschwig Graf. Encore faut-il comprendre pourquoi avant d’agir. On peut par exemple se demander si la rudesse du climat ou les grandes distances rencontrés en Finlande influencent la lecture dans ce pays.»

Il conviendra par ailleurs de déterminer si des pays dont les conditions-cadre sont similaires à celles qui existent en Suisse arrivent à mieux intégrer les élèves issues de communautés étrangères ou de milieux sociaux défavorisés.

Alliance pour l’éducation

Sur la base de ces nouvelles études, la CDIP proposera aux cantons des mesures à prendre pour améliorer le niveau des élèves. Ces recommandations n’interviendront toutefois pas avant 2003.

Les autorités scolaires ne veulent pas agir seules dans ce domaine. «Les questions soulevées par PISA touchent en effet l’ensemble de notre société», déclare la CDIP.

Les mesures devront être décidées en étroite collaboration avec d’autres partenaires, comme la Confédération, les syndicats d’enseignants ou encore les représentants du monde du travail, tous rassemblés dans une «alliance pour l’éducation».

Martine Brunschwig Graf avertit cependant que l’école ne peut à elle seule résoudre tous les problèmes de la société. Sa mission première est et restera l’éducation.

En milieu de classement

Dévoilé en décembre dernier, l’étude PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) a été effectuée auprès d’élèves de 150 000 élèves âgés de 15 ans dans 31 pays de l’OCDE.

Elle s’est surtout intéressée à leurs capacités de lecture. Au classement final, la Suisse obtient un très modeste 17e rang.

Selon l’étude, l’école suisse rencontre surtout deux problèmes. D’une part, elle peine à intégrer les élèves étrangers. D’autre part, elle n’arrive pas non plus à gommer les inégalités que l’on rencontre dans la société. Bref, un élève d’origine étrangère et issu d’un milieu défavorisé n’y a pas vraiment beaucoup de chances.

L’étude PISA s’est également penchée sur les capacités des élèves dans les domaines des sciences et des mathématiques. Il en ressort que les jeunes suisses sont également assez moyens en sciences, mais qu’ils s’en sortent beaucoup mieux en mathématiques.

swissinfo/Olivier Pauchard