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L’initiative femme de Micheline Calmy-Rey

Micheline Calmy-Rey veut alerter sur les violences faites aux femmes. Keystone

Le 15 mars prochain, la ministre suisse des Affaires étrangères reçoit une dizaine de femmes ministres à Genève.

Cette initiative de Micheline Calmy-Rey donne le coup d’envoi de la session annuelle de la Commission des droits de l’homme.

Donner une visibilité et un écho dans le programme des gouvernements à la lutte contre les violences faites aux femmes. Tel est l’objectif de la réunion organisée par la ministre suisse.

Pour ce faire, Micheline Calmy-Rey a invité l’ensemble des femmes qui – comme elle – occupe le poste de ministre des Affaires étrangères, soit une vingtaine de personnes issues des quatre coins de la planète.

Cette rencontre a pour cadre la Commission des droits de l’homme qui tient ses assises annuelles à Genève du 15 mars au 23 avril.

swissinfo: vos collègues ministres ont-elles répondu à votre invitation?

Micheline Calmy-Rey: à ce jour, la moitié environ des ministres invitées ont annoncé leur venue. C’est donc un succès. Et ce, pour plusieurs raisons.

La politique étrangère consiste également à créer des réseaux et à tisser des liens. Et de ce point de vue, je trouve important que les femmes ministres puissent renforcer leurs relations, se parler et se comprendre.

De plus, en tant que femmes, nous sommes particulièrement concernées par la défense des droits humains. Et précisément, la promotion et le respect des droits de la femme sont en effet loin d’être entrés dans les faits.

Et ce, même si la plupart des pays ont intégré ces droits dans leurs lois et leur constitution.

Il est donc très important que les ministres femmes se mobilisent pour ce genre de cause.

swissinfo: quel type de mesures ou d’appel sortira de cette rencontre?

M. C.-R.: Cette rencontre informelle sert avant tout à apprendre à mieux se connaître et à travailler ensemble. Cela dit, nous allons nous exprimer dans le cadre de la Commission des droits de l’homme et tenter d’alerter l’opinion publique et les gouvernements sur les violences faites aux femmes.

Nous espérons donc que cette action permettra de déboucher sur des mesures effectives aux niveaux national et international.

A l’issue de la réunion que nous aurons le 15 mars, nous devrions également adopter une déclaration commune à laquelle nous travaillons actuellement.

swissinfo: l’année dernière, vous avez plaidé pour une réforme de la Commission des droits de l’homme. Où en sommes-nous?

M. C.-R.: Cette idée a suivi son cours et des progrès ont été accomplis cette année dans cette direction. La Suisse, le Canada et la Norvège ont fait des propositions dans ce sens.

swissinfo: Vous avez proposé, en particulier, de réserver l’accès de la Commission aux seuls Etats ayant ratifié les traités fondateurs des droits humains. N’y a-t-il pas un risque de transformer la Commission en club de pays riches?

M.C.-R.: Je n’ai rien proposé. J’ai posé des questions critiques qui ont trouvé un écho. En premier lieu, les pays riches connaissent également des violations des droits humains. Il n’y a donc pas – sur cette question – une division entre pays du Nord innocents et pays du Sud coupables.

La Commission doit par ailleurs rester ouverte à tous les pays. Mais tout de même, il n’est pas mauvais d’évaluer les progrès accomplis en matière de droits de l’homme par les Etats qui veulent entrer dans la Commission.

Je rappelle également que les droits de la personne humaine constituent un engagement fondamental de la politique étrangère de la Suisse. Ils sont au cœur de son action en faveur du développement et de la promotion de la paix.

Sans respect des droits de l’homme, il n’y a pas de développement et de paix durables.

swissinfo: vous avez également proposé – pour la Suisse – la création d’une Commission nationale des droits de l‘homme. L’idée fait-elle son chemin?

M. C.-R.: Ce projet est toujours en cours d’examen. Il doit encore être soumis au gouvernement.

swissinfo: Est-ce que l’ensemble de la politique extérieure de la Suisse intègre concrètement la défense des droits de l’homme?

M. C.-R.: la politique étrangère est en effet souvent une affaire de cohérence et de coordination. Car si la Suisse veut avoir un impact sur la scène internationale, elle doit parler d’une seule voix.

Nous travaillons donc en permanence à l’intégration des droits humains dans nos programmes et dans l’action de nos diplomates. Et cette tâche n’est pas la plus facile.

Interview swissinfo, Anna Nelson, Frédéric Burnand, Genève

– Selon Amnesty international, 2 millions de fillettes sont, chaque année, soumises à des mutilations génitales.

– Aux Etats-Unis, 700’000 femmes sont victimes de viol chaque année année.

– Tous les ans, 40 femmes meurent, en Suisse, suite à des violences conjugales.

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