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La vieillesse, un cadeau plutôt qu’un poids

La présidente du Conseil national, Pascale Bruderer, avec Judith Giovanelli, représentante des résidents de Homes. swissinfo.ch

Les milieux spécialisés entrent dans le débat public sur les assurances sociales. Présentée mardi à Berne, la «Charte de la société civile pour des relations dignes avec les personnes âgées» appelle à la responsabilité et à la prévision face au vieillissement de la population.

«Le vieillissement de la société n’est pas une bombe: c’est un chance de vivre plus longtemps que nos ancêtres, c’est un cadeau, pas une charge. Les aînés paient des impôts, des primes d’assurance, ils consomment et, de manière générale, ils sont une richesse pour notre société. Avec notre charte, nous voulons lutter contre cette image négative», clame Otto Piller, président de Curaviva et ancien patron de l’Office fédéral des assurances sociales.

Les démographes tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps. «A l’horizon 2050, la Suisse dénombrera 2,2 millions de personnes de 65 ans ou plus sur une population d’approximativement 8,2 millions. Elle ne comptera plus que deux personnes actives pour une personne âgée, alors que ce rapport est actuellement de quatre pour un», résume Philippe Wanner, professeur en démographie à l’Université de Genève.

Autrement dit, depuis 2005 etjusqu’à 2035, l’entrée progressive dans le 3e et 4e âge des générations très nombreuses du baby-boom fera littéralement exploser la population des plus de 65 ans.

Un débat très dur

Les spécialistes rappellent que notre société vieillit parce que la durée moyenne de vie augmente et, d’autre part, parce que les Suisses ont moins d’enfants. La diminution du nombre de jeunes se répercutera dès 2019 sur le nombre d’actifs, malgré l’augmentation du nombre des femmes sur le marché du travail.

Ces chiffres sont connus depuis longtemps mais les milieux concernés s’inquiètent de voir le monde politique s’embourber dans un débat très dur pour trouver des solutions au financement des assurances sociales.

C’est dans cette perspective que l’idée de la «charte de la société civile» a germé chez Markus Leser, responsable du domaine spécialisé personnes âgées de Curaviva, l’association qui regroupe les homes pour personnes âgées.

«C’est le résultat de discussions que j’ai menées avec Anita Fetz, conseillère aux Etats socialiste (Bâle) et membre de la Commission pour la sécurité sociale et la santé. Nous avons cherché le moyen de faire contrepoids aux préjugés qui dominent dans la discussion actuelle sur le coût des assurances sociales.»

C’est ainsi que Curaviva et ses partenaires ont élaboré dix thèses concrètes et dix revendications pour susciter la réflexion sur la société de longue vie et les soins de longue durée et pour garantir des soins de qualité à long terme dans les homes et les institutions sociales.

Lutter contre le «jeunisme» ambiant

«Il faut absolument lutter contre le ‘jeunisme’ et le mouvement anti-âge qui est en plein boom dans notre société. Il faut qu’on commence enfin à réfléchir sérieusement sur les implications du vieillissement, sans tabous, mais dans une discussion réelle et concrète entre générations, poursuit Markus Leser. D’autre part, nous devons nous préparer à cette augmentation massive de la population âgée et, surtout, à la formation du personnel supplémentaire qui sera indispensable dans vingt ans.»

Pascale Bruderer est venue apporter son soutien à Curaviva lors de la présentation de la charte, sous les arcades du Palais fédéral. La jeune présidente de la Chambre du Peuple a prodigué ses encouragements souriants, avant de distribuer des roses au personnel d’un home bernois invité pour l’occasion.

«Cette petite cérémonie vise aussi à remercier le personnel qui se consacre aux personnes âgées, a déclaré la socialiste argovienne. Notons par ailleurs que l’augmentation de la population âgée sera créatrice d’emplois, ce qui est un atout.»

«La Suisse politique est capable d’approfondir et d’élargir le débat», affirme Pascale Bruderer. Qui ajoute: «C’est du reste son devoir de ne pas exclure les personnes âgées et de reconnaître que leur expérience est indispensable pour la continuité de notre société. En un mot, nous devons voir les chances, pas seulement les risques».

Allonger l’âge de la retraite?

Le débat sur les assurances sociales bute, entre autres, sur l’allongement de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans. Qu’en pense-t-on à Curaviva? Réponse de son président Otto Piller.

«Je suis pour une flexibilisation de l’âge de la retraite. Il y a des gens cassés par une vie de travail mais d’autres sont tout à fait capables et disposés à travailler plus longtemps, il faut travailler pour mettre au point un système flexible qui donne à chacun la possibilité de prendre sa retraite quand il sent que c’est nécessaire.»

Encore faut-il réussir à convaincre le monde économique de proposer des emplois aux plus âgés, ce qui n’est vraiment pas dans la tendance actuelle, ainsi que le démontrent les chiffres mensuels de l’assurance-chômage. Là aussi, il y a du travail à faire sur les mentalités.

Isabelle Eichenberger, swissinfo.ch

10 propositions. Elaborée par CURAVIVA et ses partenaires, la «Charte de la société civile pour des relations dignes avec les personnes âgées» propose 10 lignes directrices pour une attitude responsable et une qualité élevée des soins dans les institutions sociales.

Signataires: Curaviva, Croix-Rouge suisse, Pro Senectute, Spitex, curahumanis, Association suisse des infirmières et infirmiers, l’Association Alzheimer et UBA Suisse.

Dans 5 homes suisses Présentée officiellement le 11 mai à Berne, lors de la Journée des soins, elle sera aussi présentée dans 5 homes suisses d’ici à la fin de l’année.

Association d’utilité publique au service des institutions et des employeurs des homes et institutions sociales destinés aux personnes âgées et aux personnes avec handicaps (près de 90’000 personnes).

Elle réunit tous les cantons suisses à l’exception du Tessin et représente plus de 1600 institutions occupant environ 110’000 personnes.

Financée par cotisations des membres, provisions, subventions (OFAS, AVS, AI, OFFT, etc.), contributions cantonales, etc., son budget atteint 16,7 millions de francs.

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