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Le Foyer suisse de Marseille ferme dans la douleur

Les Charmerettes? Une superbe bâtisse et 4 hectares au cœur de Marseille. lescharmerettes.com

L’institution presque centenaire disparaît sur fond de luttes intestines au sein de la communauté helvétique. Les résidents ont été relogés. L’affaire se poursuivra au tribunal.

Après 83 ans d’existence, le Foyer helvétique de Marseille ferme ses portes. Endettée, l’institution a été placée en liquidation judiciaire par la présidente du Tribunal de grande instance (TGI) de Marseille. Une décision qui devrait être officialisée ce mardi avec la nomination d’un liquidateur judiciaire.

«C’est un drame humain», commente Hélène Gay, membre du conseil et épouse du président. Les 14 résidents, dont une centenaire, ont été replacés dans différents EMS de la région marseillaise. «Ils n’ont pas compris les raisons de ce départ soudain, c’était très douloureux», note Mme Gay.

Les 12 salariés ont été mis au chômage. «Nous n’avions plus les moyens de faire tourner le foyer helvétique des Charmerettes», témoigne sa directrice Bénédicte Leroy. Pourquoi? Tous les regards se tournent vers la Fondation Helvetia Massilia, accusée de ne plus subvenir aux besoins des Charmerettes. 

Un vieux conflit interne, qui a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux de la cité phocéenne. «Le trésor qui déchire la colonie suisse de Marseille», titrait l’an dernier La Provence.

Superbe bâtisse

D’un côté, une fondation de droit suisse, possédant le domaine des Charmerettes, une superbe bâtisse et 4 hectares au cœur de Marseille valant entre 15 et 20 millions d’euros. De l’autre, le Foyer helvétique, financé par la fondation jusqu’au début des années 1990 et qui accueille des personnes âgées suisses et françaises.

Si la fondation ne veut plus aider le foyer, c’est parce que «les pensionnaires suisses sont devenus très minoritaires, et qu’en outre ils ne sont pas dans le besoin», justifie son président Alfred Bähler. Les buts de la fondation ne sont donc plus remplis.

«Le foyer helvétique représente une belle page d’histoire. Mais la vocation de la fondation Helvetia Massilia n’était pas de prendre en charge des pensionnaires majoritairement français», confiait l’an dernier le consul général de Suisse à Marseille François Mayor.

Epoque glorieuse

Le temps glorieux de la colonie suisse de Marseille est bien révolu. A la fin des années 1920, deux familles suisses installées à Marseille, les Angst et les Zollinger, rachètent le domaine des Charmerettes et le transforment en foyer pour les vieux Suisses nécessiteux. A l’époque, environ 2000 familles helvétiques habitent la cité phocéenne: négociants, hommes d’affaires, horlogers et hôteliers. C’est l’âge d’or du Marseille suisse.

Dans les années 1950-80, la présence suisse décline. Les artisans d’hier sont peu à peu remplacés par une poignée de retraités. Pressée de récupérer le domaine des Charmerettes, la fondation Helvetia Massilia réclame la fermeture du foyer. Face au refus des responsables des Charmerettes, elle saisit la justice. Début d’une longue procédure. L’an dernier, le tribunal d’instance préférait remettre le dossier au TGI. Le litige n’est pas clos.

«Le foyer ferme, mais l’association ne meurt pas, clame Hélène Gay. Le combat continue. Nous allons voir avec notre avocat quelle forme il prendra.» «Nous avions sollicité des banques suisses pour financer le foyer, sans résultat, témoigne Denise Plancherel, secrétaire des Charmerettes. Pour éponger nos dettes, nous essayerons de récupérer les actions que nous détenons dans l’immeuble où se trouve le consulat helvétique, rue d’Arcole.»

«Pas à la hauteur»

Pas question d’enterrer la hache de guerre. Les responsables du foyer fustigent l’«arrogance» du «clan» d’Alfred Bähler, dont la seule pensée serait de remettre la main sur le «trésor» des Charmerettes. «Ils ne sont vraiment pas à la hauteur de la tradition humanitaire de la Suisse», déplore Hélène Gay.

Côté fondation, on dit tout ignorer de la décision du tribunal. «Si la décision de fermeture est avérée, c’est une bonne chose, estime Alfred Bähler. On ne peut pas faire fonctionner une maison de retraite avec à peine une quinzaine de résidents.»

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