Nouveau rendez-vous international contre le sida
La 17ème conférence sur le sida aura lieu du 3 au 8 août à Mexico. Si la tendance est à la stabilisation en Suisse, 33 millions de personnes vivent encore avec le virus dans le monde, dont les deux tiers en Afrique.
En 1981, un centre médical d’Atlanta constate l’apparition d’une nouvelle maladie. En 1982, elle reçoit un nom: syndrome d’immuno-déficience acquise (Sida). Vingt-sept ans après, la mise au point d’un vaccin est toujours en panne.
Mais, à l’heure où la mobilisation internationale autour de la maladie faiblit quelque peu, plus de 20’000 personnes – chercheurs, médecins, responsables administratifs et politiques, membres d’associations, gens de terrain, malades -se réuniront dès le 3 août à Mexico.
Le secrétaire général des Nations-unies Ban Ki-moon, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé Margaret Chan, le président mexicain Felipe Calderon ouvriront cette conférence, la première à se tenir en Amérique latine.
Accès au traitement
Avec pour mot d’ordre «Agir partout maintenant», cette réunion a pour arrière-fond l’objectif fixé par les pays membres de l’ONU de permettre à tout le monde d’accéder à la prévention et aux traitements d’ici 2010. Président de la société internationale du Sida (IAS), qui organise la conférence, Pedro Cahn estime en effet que «personne ne peut se satisfaire du niveau de réponse auquel nous sommes parvenus».
Si le sida est devenu une maladie chronique touchant surtout homosexuels et toxicomanes dans les pays développés, il reste mortel en Afrique australe, où seuls 30% des séropositifs ont accès à un traitement.
Dans les pays en développement, le nombre des personnes traitées a été multipliée par sept en quatre ans. Mais, comme le notait récemment Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses (NIAID), pour une personne nouvellement traitée, trois autres sont nouvellement infectées dans le monde.
Onusida, l’organisme des Nations unies en charge de la pandémie, juge ainsi qu’il faudrait 42 milliards de dollars – plus de quatre fois l’argent aujourd’hui disponible – pour parvenir à un accès universel aux traitements.
Signes encourageants
Autre problème qui devrait être abordé à Mexico, le manque de moyens alloués à la prévention, qui fait figure de parent pauvre de la lutte anti-sida. Ceci alors que des moyens simples – préservatifs, éducation, circoncision, gels microbicides – ont permis de faire baisser les nouvelles contaminations.
Dans son récent rapport sur l’épidémie mondiale du sida, Onusida constate ainsi que les modifications du comportement sexuel et l’utilisation du préservatif ont permis de faire baisser les taux d’infection dans plusieurs pays gravement atteints (Burkina Faso, Cameroun, Ethiopie, Ghana, Malawi, Ouganda, Zambie).
Des progrès toutefois atténués par le fait que le taux de nouvelles infections est en hausse en Chine, en Indonésie, au Kenya, au Russie, en Ukraine ou au Vietnam, souligne l’ONU. Des augmentations sont aussi constatées dans des pays comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Australie.
Stabilisation en Suisse
Pour ce qui est de la Suisse, la tendance est à la stabilisation, a récemment fait savoir l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui va envoyer une délégation de trois personnes à Mexico. Elles seront accompagnées par une soixantaine de représentants d’association, de médecins et de personnes concernées par la problématique.
Car, comme ailleurs, les objectifs fixés par l’Onu pour la période 2001-2010 ne seront pas atteints en Suisse. En 2007, 750 cas ont été recensés. La progression la plus forte est enregistrée parmi les hommes hétérosexuels.
A Mexico, la Suisse compte pouvoir échanger des expériences et enrichir ses connaissances dans les domaines qui sont centraux pour l’OFSP, à savoir la prévention, l’épidémiologie et les possibilité thérapeutiques.
A ce propos, le directeur de l’OFSP Thomas Zeltner déclarait récemment à swissinfo que l’épidémie de sida était «en train de devenir un mal chronique qui nécessite des investissements pour les 30 à 40 prochaines années».
swissinfo et les agences
Selon l’ONU, près de 33 millions de personnes dans le monde vivent actuellement avec le virus du sida.
Les deux tiers résident en Afrique.
L’Afrique sub-saharienne est de loin le premier foyer d’infection dans le monde.
En 2007, environ 2 millions d’individus sont morts du sida, dont 1,5 million en Afrique sub-saharienne.
Il s’agit néanmoins d’un recul après des décennies de hausse.
En 2007 toujours, 2,7 millions de personnes ont été infectées, dont 1,9 million en Afrique sub-saharienne.
Le syndrome de l’immunodéficience acquise (sida) correspond à la destruction des cellules du système immunitaire par un rétrovirus.
Il se transmet par voie sexuelle mais aussi par voie sanguine (transfusion).
Lorsque l’infection progresse, le système immunitaire s’affaiblit et devient la cible des maladies dites opportunistes.
Une personne infectée peut mettre entre 10 et 15 ans avant de développer le syndrome d’immunodéficience acquise.
Les médicaments antirétroviraux sont à même de freiner le développement.
En moyenne, les trithérapies donnent treize ans d’espérance de vie supplémentaires aux personnes atteintes du sida.
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