Un militant démocrate blanchi par la justice
(Keystone-ATS) Disqualifié du parlement suite à une intervention de Pékin, un militant démocrate hongkongais a été blanchi lundi par la justice de Hong Kong d’accusations de faute. Leung Kwok-hung, plus connu sous le surnom de « Longs cheveux », était poursuivi pour corruption.
Ce vétéran du combat pour la démocratie devait répondre de corruption après avoir reçu un versement de la part d’un magnat de la presse hostile à la Chine. Il était accusé d’avoir « délibérément » omis de déclarer 250’000 dollars de Hong Kong (environ 30’000 francs) versés par Jimmy Lai, le fondateur du journal Apple Daily, ceci alors que « Longs cheveux » était député. Le journal Apple Daily est généralement extrêmement critique envers Pékin.
Le juge Alex Lee a relaxé M. Leung au « bénéfice du doute », jugeant que l’accusation n’avait pas réussi à prouver que ce versement représentait une rétribution personnelle du prévenu plutôt qu’un don à son parti, la Ligue des sociaux-démocrates.
L’argent avait été versé sur le compte personnel de M. Leung mais sa défense avait fait valoir qu’il s’agissait d’un don à sa formation, et qu’à ce titre, il ne devait pas faire l’objet d’une déclaration.
« Malgré mes soupçons quant au comportement du prévenu, je ne suis pas convaincu que le parquet a prouvé ses accusations au-delà du doute raisonnable », a déclaré le juge.
Mainmise accrue de Pékin
Ce procès survient alors que de nombreux Hongkongais ont le sentiment que Pékin renforce sa mainmise sur l’ancienne colonie britannique repassée sous sa tutelle en 1997. Voici deux semaines, la justice avait disqualifié M. Leung ainsi que trois autres députés démocrates élus aux dernières législatives de septembre.
La Haute cour avait été saisie par l’exécutif de Hong Kong, politiquement aligné sur Pékin, au motif que les quatre élus avaient modifié leur prestation de serment pour y manifester leur hostilité vis-à-vis de l’influence de la Chine.
L’Assemblée nationale populaire chinoise, dans une interprétation exceptionnelle de la Loi fondamentale, la mini-constitution hongkongaise, avait estimé que les prestations de serment devaient se faire de façon « sincère et solennelle ».
Ce jugement revêtait une importance politique capitale car l’élimination de ces quatre élus, six mois après celle de deux autres, signifiait que le camp démocrate perdait sa minorité de blocage au sein d’un Conseil législatif encore plus aligné sur Pékin.