Alinghi freiné à Auckland
Les Suisses comptent désormais une victoire et une défaite dans le cadre des régates qualificatives à la Coupe de l'America.
Après son succès initial face au défi français, Alinghi a perdu de justesse vendredi contre les Américains de One World.
La règle est sans pitié: neuf Challengers s’affrontent dans la baie d’Auckland, un seul survit. Avec les honneurs, l’élu se voit alors accorder le droit d’affronter «le Defender» Team New Zealand.
Au bout de plus de cinq mois de régates se dessine peut-être le rêve suprême: porter triomphalement l’Aiguière d’Argent dans le port.
Des duels impitoyables
La Coupe de l’America est une affaire de match-racing entre deux bateaux, un duel acharné et compliqué sur l’eau où seul le plus fort, le plus rapide ou le plus rusé peut gagner.
La compétition se divise en deux parties: les éliminatoires (la Coupe Louis Vuitton) réunissent cette année neuf équipes (les Challengers) de six nationalités différentes. Ces régates qualificatives réparties sur quatre mois ont pour but de sélectionner le voilier le mieux armé pour affronter le tenant du trophée.
Le bateau «élu» rencontrera ensuite, fin février, le vainqueur de l’édition précédente (le Defender Team New Zealand). De cette confrontation au sommet, appelée Coupe de l’America, sortira le grand gagnant et l’organisateur de la prochaine édition.
Alinghi parmi les grands favoris
«Le défi suisse est parti d’une page blanche. Avec une approche très discrète, Ernesto Bertarelli a fait ce qu’il fallait. Il a le meilleur équipage, la meilleure paire skipper-tacticien.»
Bruno Troublé place d’ailleurs le Team Alinghi parmi les grands favoris de la compétition. L’organisateur de la Coupe Louis Vuitton (LVC) ne voit qu’une ombre au tableau du syndicat suisse: «On peut avoir des doutes sur leur équipe de Design. Alinghi n’a aucun des trois ou quatre architectes qui ont marqué les dernières années de l’America’s Cup.»
Durant le mois de septembre, le défi suisse a navigué contre Oracle et Oneworld, deux grosses pointures parmi les Challengers.
Aucun résultat officiel n’a été divulgué mais les rumeurs du port ont filtré: le Class America rouge et noir a pris deux fois le dessus sur ses adversaires.
Même si son histoire est récente, le seul défi suisse présent sur la ligne de départ est fin prêt.
Un défi suisse peut en cacher un autre
Mars 2000, Russell Coutts et Ernesto Bertarelli se rencontrent. Les deux hommes parlent d’une alchimie entre eux, humaine, sportive, et certainement financière. Mai 2000, le défi est officiellement lancé aux couleurs de la Société Nautique de Genève.
Mais Alinghi n’était pas la seule équipe helvétique à vouloir prendre part à cette édition 2003 de la Coupe de l’America. Watch Out, un Syndicat mené notamment par Marc Biver, patron de la société de management sportif IMG, s’était déjà acquitté de sa finance d’inscription.
Aucune synergie n’a été trouvée entre les deux projets et Watch Out, faute de financement, a jeté l’éponge quelque mois plus tard. Il ne briguera donc pas le fameux trophée.
La Coupe de l’America, 151 ans d’une «riche» histoire
3,8 kilos, 83 centimètres, une forme d’arrosoir tordu. L’Aiguière d’Argent est le plus vieux et certainement le plus convoité des trophées du monde sportif.
Offert en 1851 aux Américains venus ridiculiser les Anglais autour de l’île de Wight, elle est devenue l’emblème de la Coupe de l’America. «The Auld Mug», la vieille tasse, a de tout temps envoûté riches industriels ou milliardaires prodigues.
Le baron Bich, Sir Thomas Lipton ou encore Alan Bond, ces hommes aux fortunes gigantesques, parfois mégalomanes mais surtout passionnés, ont écrit l’histoire de la compétition, sans jamais toutefois réussir à détrôner la suprématie américaine. Il faudra attendre le kangourou d’Australia II pour voir le trophée quitter les Etats-Unis et rejoindre Freemantle, en Australie.
Le retour des mécènes
La 31ème Coupe de l’America marque le retour des mécènes, très discrets lors de la dernière édition. Ernesto Bertarelli, patron de la société de biotechnologie suisse Serono, a créé son propre syndicat, Alinghi.
L’Américain Larry Ellison, numéro deux mondial des logiciels, a mis sur pied la plus grosse équipe, Oracle, sans parler de Peter Harrison, fortuné dans les hautes technologies, qui souhaite ramener grâce à Team GBR le trophée à la maison, à Cowes.
Tous ont déjà assouvi beaucoup de leur rêves! Sauf, pour l’instant, celui de posséder la fameuse Aiguière d’Argent.
swissinfo/François Egger à Auckland
La Coupe de l’America a 151 ans d’histoire
L’édition 2002 de la compétition se déroule dans la baie d’Auckland
3,8 kilos, 68 centimètres, une forme d’arrosoir tordu: l’Aiguière d’Argent est le plus vieux et le plus convoité des trophées du monde sportif
Avant de défier le vainqueur de la dernière édition de la Coupe de l’America – Team New Zealand – les neufs équipages inscrits s’affrontent lors des éliminatoires de la Coupe Louis Vuitton
Le Team Alinghi – le défi suisse – fait figure de favori et pourrait bien se retrouver en finale
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