Des lapins chinois qui embarrassent Nestlé
Une ancienne détenue affirme que des lapins en peluche destinés à Nestlé seraient fabriqués dans un camp de travail en Chine. La multinationale promet d'enquêter.
«Nous possédons 18 usines en Chine, rappelle François-Xavier Perroud, porte-parole de Nestlé. Et nous travaillons régulièrement avec des centaines de fournisseurs.» A l’instar de Mi Qi Toys Ltd, un fabriquant de jouets avec lequel la multinationale est en affaires depuis 1998.
«Mi Qi Toys Ltd est une joint venture qui exporte ses produits dans le monde entier, ajoute François-Xavier Perroud. Et elle a été dûment contrôlée par nos services, tout comme toutes les entreprises avec lesquelles nous collaborons.»
Révélations troublantes
Le fait que Nestlé ait commandé 110 000 lapins en peluche à cette société n’a donc apparemment rien de choquant. Seulement voilà, dans les colonnes du journal australien Sydney Morning Herald, une Chinoise du nom de Jennifer Zeng prétend que ces lapins ont été fabriqués dans des camps de travail.
Actuellement réfugiée en Australie, Jennifer Zeng aurait été internée pendant un an non loin de Pékin. Et, avec plusieurs dizaines d’autres prisonniers – la plupart adeptes de la secte interdite Falun Gong -, elle aurait participé à la production des fameux lapins en peluche portant le nom de Nestlé.
Jennifer Zeng affirme que «les prisonniers de ce camp travaillent plus de douze heures par jour, sept jours sur sept. Qu’ils sont privés de sommeil et régulièrement battus, sinon torturés à l’électricité».
«A ce jour, conteste François-Xavier Perroud, rien ne prouve qu’il existe un lien entre les lapins commandés par Nestlé et ceux qui seraient fabriqués dans les camps de prisonniers.»
Et le porte-parole d’ajouter: «Les peluches en question sont destinées à la promotion de Nesquik. Il serait donc très surprenant que nous ayons demandé qu’ils soient estampillés Nestlé et non pas au nom du produit concerné».
Nestlé veut en avoir le cœur net
De son côté, Jennifer Zeng persiste et signe. Et apporte un élément d’accusation supplémentaire en affirmant avoir reconnu sur des sites Internet de Nestlé les lapins fabriqués dans le camp de travail où elle avait été internée.
Quoi qu’il en soit, Nestlé veut en avoir le coeur net. «Nous allons vérifier sur place les méthodes de travail de notre fournisseur», affirme François-Xavier Perroud. Et, au cas où les accusations lancées dans les colonnes du Sydney Morning Herald s’avéraient fondées, la multinationale cesserait toute collaboration avec la société incriminée.
«Il va de soi, conclut le porte-parole de Nestlé que le recours au travail forcé est contraire à nos principes. Et va totalement à l’encontre de la politique du groupe.»
Vanda Janka avec Georges Baumgartner
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