Des policiers suisses en Macédoine
La Suisse et l'Union européenne ont signé mercredi un accord sur la participation helvétique à l’opération de police ‘Proxima’ en Macédoine.
Depuis le début de cette année, trois policiers suisses sont déjà sur place. Et ce ne sont pas les seuls en mission dans des régions instables de la planète.
La signature survient en fait avec des mois de retard, Bruxelles étant «débordé», puisque l’opération ‘Proxima’ a été lancée en décembre dernier et que dès février deux policiers suisses sont arrivés en Macédoine, a expliqué un responsable à la Mission suisse.
Un troisième les a rejoints en mars pour être stationné à la frontière entre la Macédoine et la Serbie.
Intérêt «assez évident»
Pour Berne, qui a déjà quatre policiers en Bosnie, l’intérêt de ces collaborations est «assez évident».
«Il est clair qu’il s’agit de renforcer la stabilité dans les Balkans et d’y soutenir la restauration de l’Etat de droit», explique Carine Carey, porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE).
«Le but est aussi de lutter contre le crime organisé sur place et d’empêcher son exportation, poursuit-elle. Ce sont des points essentiels.»
D’autre part, cette participation est la reconnaissance de l’importance croissante de l’UE comme «acteur opérationnel depuis deux ou trois ans», explique le diplomate à la Mission suisse.
Même si la Suisse est toujours «beaucoup plus fortement engagée» dans l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), force est de reconnaître que Bruxelles prend du poids sur la scène internationale.
Partenaire sérieux
Si la Suisse est membre à part entière de l’OSCE, elle n’est en revanche qu’un pays tiers au sein de ‘Proxima’. «Dans le processus de décision politique, on n’est pas impliqué. Mais dans la gestion, dans la participation quotidienne, on est traité comme les autres», relève le responsable.
Avec de telles collaborations, Berne renforce ses liens avec l’Union et fait valoir sa politique, notamment en matière de gestion de crises.
«Cela a pour effet de renforcer nos liens et de faire valoir notre politique en matière de gestion de crise, déclare Carine Carey. C’est une solidarité face à des défis communs et c’est une manière de devenir un partenaire sérieux. Cela crée une base favorable pour un dialogue avec l’UE.»
Ce genre d’intervention ne va toutefois pas être érigé en système. «Le fait que nous avons déjà des policiers en Bosnie et au Kosovo montre que cette intervention en Macédoine n’est pas un cas isolé, poursuit la porte-parole du DFAE. Mais pour toute intervention future, la Suisse devra analyser au cas par cas quel est son intérêt et quels sont ses moyens à disposition.»
La mission ‘Proxima’ doit s’achever en décembre. Les trois policiers font partie du pool d’experts mis en place par le DFAE. Quelque 80 personnes, exerçant des activités de toute nature, sont en moyenne en permanence sur le terrain.
Ces actions policières dans les Balkans s’inscrivent dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense mise en place depuis 2003. Des pays qui ne sont pas membres de l’UE, comme la Suisse, peuvent s’y joindre.
La Suisse a part ailleurs indiqué son intérêt à participer à la relève de la Force de stabilisation de l’OTAN (SFOR) en Bosnie, l’opération ‘Althea’.
Dès la fin de l’année, elle devrait s’engager dans la Force multinationale de l’UE en Bosnie-Herzégovine (EUFOR). Le gouvernement suisse propose d’envoyer jusqu’à vingt militaires. Armés, ils mèneront des missions de liaison et d’observation.
L’OTAN assurait le maintien de la paix en Bosnie depuis la fin du conflit en 1995, mais a décidé de passer le relais à l’UE. Ce sera pour elle la première opération militaire d’envergure de son histoire, avec quelque 7000 hommes mobilisés.
20 policiers suisses engagés
Pour le moment, 18 policiers suisses sont engagés à l’étranger. Ils sont présents en Macédoine, en Bosnie, au Kosovo, en Géorgie et au Congo. Ils devraient être 20 d’ici deux mois. En effet, deux policiers supplémentaires seront envoyés au Congo.
«Cela nous permet de combattre la criminalité organisée à sa source, déclare Heinrich Schneider, expert des engagements à l’extérieur auprès de l’Office fédéral de la police. En Macédoine, par exemple, deux de nos collaborateurs sont actifs dans une région où fleurissent des trafics de drogue et d’êtres humains.»
En règle générale, les policiers suisses sont bien acceptés. «La Suisse n’a pas de passé colonial et les Suisses sont connus pour collaborer avec les policiers locaux et pour ne pas faire de paternalisme», explique Heinrich Schneider.
Ces missions à l’étranger sont populaires parmi les policiers. «Vingt personnes se sont annoncées lors de notre dernier recrutement, poursuit l’expert. Bien que ces engagements ne fassent pas avancer une carrière, la plupart des engagés prennent des vacances non-payées ou quittent leur travail pour y participer.
Or, si les policiers participent à ces missions de leur propre initiative, c’est que les pouvoirs publics peinent à libérer des hommes en cette période de disette budgétaire.
«Seuls deux corps de police nous mettent encore des hommes à disposition, révèle Heinrich Schneider. Actuellement, il est difficile d’expliquer l’importance de telles missions aux politiciens.»
swissinfo et les agences
18 policiers suisses sont actuellement engagés à l’étranger.
Les zones d’intervention sont: la Macédoine, la Bosnie, le Kosovo, la Géorgie et le Congo.
D’ici deux mois, deux policiers supplémentaires seront engagés au Congo.
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