La prison austro-suisse en Roumanie attendra
La Suisse renonce pour l’instant à construire avec l’Autriche une prison en Roumanie. Pour Berne, ce projet n’est pas prioritaire.
En visite à Vienne le ministre de la justice Christoph Blocher a également évoqué le terrorisme et la sécurité aux frontières de l’espace Schengen.
Berne renonce provisoirement à collaborer avec Vienne pour la construction d’une prison en Roumanie, destinée aux ressortissants roumains condamnés en Suisse ou en Autriche.
C’est ce qu’a annoncé lundi le conseiller fédéral Christoph Blocher, ministre de justice et police, au terme de sa rencontre à Vienne avec son homologue Dieter Böhmdorfer.
«Même si nous avons supprimé l’obligation de visa pour les Roumains depuis le 1er février, les détenus originaires de ce pays ne constituent pas une question prioritaire», a précisé le ministre.
En effet, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les Roumains incarcérés en Suisse n’étaient que 25 en 2002 et 28 en 2003.
L’idée reste à l’étude
Toutefois, l’idée autrichienne de construire un établissement pénitentiaire à l’étranger reste à l’étude en Suisse.
Christoph Blocher n’a pas voulu citer d’autres pays pouvant entrer en ligne de compte sur le sujet. «Nous devons d’abord en discuter avec les autorités de ces pays», a expliqué le conseiller fédéral.
Et de rappeler que la Suisse héberge une plus forte proportion de prisonniers étrangers que l’Autriche. Toujours selon l’OFS, les prisons suisses abritent quelque 3500 détenus étrangers sur un total d’environ 5000.
En rapatriant ces prisonniers dans leurs pays, on pourrait réaliser des économies qui permettraient d’amortir rapidement les sommes investies dans le financement ou le co-financement de prisons à l’étranger.
Rappelons qu’en décembre dernier, la Suisse et les 32 autres pays membres du Conseil de l’Europe ont ratifié le Protocole additionnel à la Convention sur le transfèrement des personnes condamnées.
Ce texte, qui devrait entrer en vigueur cette année encore, prévoit que les gouvernements pourront rapatrier de force les détenus étrangers qui ont été condamnés sur leur territoire.
Jusqu’ici en effet, la Suisse ne rapatrie des prisonniers étrangers que s’ils sont volontaires.
Schengen et terrorisme
A Vienne, Christoph Blocher s’est également entretenu avec le ministre autrichien de l’intérieur, Ernst Strasser.
Les discussions ont porté sur la coopération policière entre les deux pays, la lutte contre le terrorisme, l’élargissement à l’Est de l’Union européenne et l’état des préparatifs de l’Eurofoot 2008, organisé conjointement par la Suisse et l’Autriche.
Dans tous ces domaines, les deux ministres ont souligné les bonnes et solides relations de coopération entre leurs pays.
Sur la question des frontières extérieures de l’espace Schengen, les deux ministres s’accordent à reconnaître qu’une collaboration étroite s’impose. Celle-ci sera encore renforcée entre l’Autriche et la Suisse, principalement dans le domaine de l’échange des données.
Par ailleurs, Christoph Blocher s’est entretenu avec ses deux interlocuteurs du problème du terrorisme. Si la situation sécuritaire en Suisse n’a pas fondamentalement changé depuis les attentats de Madrid, Berne prend très au sérieux la lutte contre le terrorisme, y compris sous l’aspect de son financement.
La Suisse, selon son ministre de la justice, tient également à poursuivre la coopération internationale instaurée il y a de nombreuses années entre les chefs des services européens de renseignement et de sécurité dans le cadre du Club de Berne.
swissinfo et les agences
– L’Autriche et la Roumanie ont signé un accord visant à envoyer des prisonniers roumains condamnés en Autriche purger leur peine dans leur pays.
– Il y a actuellement 144 prisonniers roumains en Autriche. Leur entretien revient à quelque 150 francs par personne et par jour. Les autorités de Vienne jugent que l’investissement dans une prison en Roumanie serait rapidement amorti.
– Les deux pays discutent actuellement des modalités de construction d’une telle prison.
– D’abord intéressée à collaborer à ce projet, la Suisse vient d’annoncer qu’il n’était plus une priorité pour elle. En 2003 en effet, 28 Roumains seulement ont passé par les prisons helvétiques.
– Berne n’enterre pas l’idée pour autant. Elle reste à l’étude et pourrait éventuellement se concrétiser dans d’autres pays.
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