La Suisse oeuvre pour la paix au Soudan
La Commission de supervision du cessez-le-feu dans la région soudanaise des Monts Nouba, (JMC), née à l’instigation de la Suisse, a été dissoute lundi.
La mission de l’ONU au Soudan (MINUS) va maintenant poursuive le processus de pacification entre le Nord et le Sud du pays avec le concours de la Suisse.
La dissolution de la JMC marque la fin de l’accord de cessez-le-feu conclu début 2002 au Bürgenstock, dans le canton de Nidwald, sous l’égide de la Suisse et l’entrée en vigueur de l’accord de paix signé au Kenya le 9 janvier dernier.
Cet accord entre Khartoum et l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS, rébellion) doit mettre fin à 21 ans de guerre. A noter que cette paix ne concerne pas le conflit du Darfour qui se déroule à l’ouest du pays.
Dans les Monts Nouba
«A mon avis, explique l’ambassadeur suisse Josef Bucher, le cessez-le-feu a été un succès car les deux parties avaient de bonnes raisons de le respecter. Il allait en effet au-delà de la simple question des Monts Nouba.»
Les deux camps engagés au Kenya dans des négociations portant sur tout le pays n’avaient aucun intérêt à causer des problèmes dans les Monts Nouba. Les conséquences d’une telle attitude auraient en effet pesé sur l’ensemble des négociations.
«Dans les Monts Nouba, poursuit le spécialiste suisse de la gestion des conflits, il n’y a pas eu de confrontation militaire depuis trois ans et demi. Il a donc été facile pour la JMC de compter les armes et les soldats et d’organiser des conférences de paix locales entre le communautés divisées».
Cette absence de tensions a aussi rendu beaucoup plus facile le rétablissement de la confiance. Dans ce climat, la mission de la JMC a été plus facilement comprise et acceptée.
Le bilan des experts suisses
Le pool d’experts suisses qui a pris une part active à la JMC peut désormais tirer un premier bilan de son apport dans les négociations.
Le respect du cessez-le-feu dans les Monts Nouba (au centre du pays), l’une des régions disputées, a aidé à la conclusion d’un accord global entre les parties, qui au départ étaient méfiants, souligne Julian Hottinger. Expert en médiation du pool suisse de promotion civile de la paix (PEP), ce dernier a participé durant deux ans aux discussions au Kenya.
Ces négociations ayant duré bien plus longtemps que prévu, la JMC a aussi gagné en poids et en professionnalisme, souligne pour sa part Josef Bucher. Quinze experts du PEP y ont pris part.
Concrètement, des patrouilles réunissant parties en conflit et internationaux se sont rendues chaque jour sur le terrain, avant d’examiner ensemble les plaintes récoltées, ajoute Lisa Ibscher, membre du pool.
Même si des civils sont encore inquiétés, les affrontements ont peu à peu cessé, les conditions de vie sont meilleures et quelque 300’000 déplacés sur un million sont d’ores et déjà rentrés chez eux, relève encore Lisa Ibscher.
Formation de collaborateurs soudanais et récolte de données sur la situation humanitaire ont également figuré parmi les tâches de la JMC. La Suisse a alloué 2,5 millions de francs à cette commission, dont 200’000 pour l’établissement de nouvelles cartes géographiques.
Relève des policiers suisses
Dès mardi, la MINUS prend la relève. Et la Suisse poursuivra sa participation: le colonel Jacques Baud dirige déjà, et pour un an, la cellule d’analyse interforces créée par l’ONU à Khartoum pour faciliter le déploiement de quelque 10’000 Casques bleus.
Deux à trois policiers, actuellement en cours de recrutement, se rendront aussi sur place dans le cadre du pool pour participer à la formation de collègues soudanais.
La Suisse consacrera plus de 10 millions de francs par an à la MINUS dès 2006. Elle a également budgétisé 25 millions par an pendant trois ans pour l’aide humanitaire.
D’ici six ans, les habitants du Sud Soudan, riche en ressources pétrolières, devront se prononcer lors d’un référendum d’autodétermination.
swissinfo et les agences
La Suisse consacrera plus de 10 millions de francs par an à la MINUS dès 2006
Le gouvernement helvétique a également promis 75 millions de dollars d’aide humanitaire sur trois ans à la conférence des donateurs sur le Soudan qui se tient dans la capitale norvégienne Oslo.
– La Commission de supervision du cessez-le-feu dans la région soudanaise des Monts Nouba, (JMC), est née en 2002 au Bürgenstock lors de la signature de l’accord de cessez-le-feu sous égide suisse.
– En tout, la Suisse a envoyé 15 personnes du pool suisse de promotion civile de la paix (PEP) au Soudan.
– Le processus de pacification entre le nord et le sud du pays passe désormais sous le contrôle de l’ONU.
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