Le conflit à La Poste semble inévitable
L’intervention mardi du ministre Moritz Leuenberger n'a pas suffi à rapprocher les positions de La Poste et du Syndicat de la communication.
Les actions de lutte prévues jeudi paraissent désormais inévitables, tandis que le syndicat chrétien annonce le dépôt d’une plainte contre La Poste.
Pour le ministre de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, c’est une première. Mardi, Moritz Leuenberger a rencontré – séparément – le patron de La Poste Ulrich Gygi et le président du syndicat de la communication Christian Levrat.
Une démarche que le syndicat tient pour un échec, le géant jaune ayant adopté une «attitude inflexible» en refusant de revenir sur sa position.
«Rupture de contrat»
Au cœur du conflit, le projet de La Poste d’«externaliser» quelque 270 collaborateurs du transport des envois postaux. Les unités qui les emploient seraient à l’avenir transformées en sociétés anonymes de droit privé.
Ces travailleurs ne seraient ainsi plus soumis au régime de la Convention collective de travail (CCT), que le géant jaune avait accepté de laisser inchangée après de dures négociations conclues en juin.
Selon le syndicat, les personnes ainsi touchées verraient notamment leurs salaires baisser de 20%. Et d’accuser La Poste de rupture de contrat, dans la mesure où elle crée des filiales autonomes pour échapper aux conditions fixées par la CCT.
«La dernière offre»
Le syndicat de la communication exige en conséquence de La Poste qu’elle revienne sur son projet
En contrepartie, il se dit prêt à prendre en considération la nouvelle structure de l’entreprise lorsqu’il s’agira de renouveler la CCT à fin 2005.
Il s’agit là de la «dernière offre» que le syndicat soumet à La Poste. Et de promettre que si l’entreprise n’entre pas en matière, «des actions auront lieu le jeudi 25 novembre dans tout le pays».
Plainte annoncée
Plus modéré, le syndicat chrétien transfair se distancie de cette prise de position. Bien qu’il estime lui aussi que La Poste contourne la CCT, il préfère saisir la Commission paritaire de conciliation (CPC).
Il annonce donc mardi le dépôt d’une plainte auprès de cette commission d’arbitrage et rappelle que la CCT interdit les mesures de lutte pendant une procédure de conciliation.
«Un employeur social»
Quant à Moritz Leuenberger, il a exprimé à ses interlocuteurs le souhait «que La Poste reste à l’avenir également un employeur social».
Il a appelé le syndicat de la communication à «respecter la CCT et les instruments qu’elle contient». Pour le ministre, «la paix absolue du travail» s’applique aussi longtemps que la CCT est en vigueur et que la procédure de conciliation suit son cours. Les actions de lutte sont donc interdites.
«Eclaircissement rapide»
Du côté de La Poste, le porte-parole Richard Pfister, se déclare «intéressé par l’éclaircissement rapide des différentes interprétations» dans cette affaire.
Le géant jaune espère que le Syndicat de la communication «respecte la procédure et évite de se lancer dans une grève».
swissinfo et les agences
– La Poste emploie près de 56’000 collaborateurs et distribue chaque année plus de cinq milliards de lettres et de colis.
– Ancienne régie fédérale, La Poste est devenue autonome en 1998 et certains de ses services ont été ouverts à la concurrence privée.
– D’ici 2006, La Poste aura fermé près de 800 de ses bureaux en Suisse, afin de réduire ses coûts.
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