Le gouvernement pèse en faveur de Schengen
Huit semaines avant le vote, quatre conseillers fédéraux ont appelé jeudi à un oui du peuple sur l’accord Schengen/Dublin avec l’Union européenne.
Selon le gouvernement, la Suisse améliorerait ainsi sa sécurité, se faciliterait la vie en matière d’asile et profiterait d’avantages économiques.
Le Conseil fédéral (gouvernement) descend dans l’arène. Quatre de ses membres sont venus défendre jeudi devant la presse l’accord Schengen/Dublin, sur lequel le peuple doit se prononcer le 5 juin suite au référendum obtenu par les adversaires de l’accord.
Cette «sortie» groupée s’explique. L’exécutif jugeait important qu’un représentant de chacun des quatre partis gouvernementaux et de chacun des départements compétents soient présents, indique le ministre de l’économie. Et Joseph Deiss (Parti démocrate-chrétien / centre) d’y voir «le signe de notre conviction en tant que gouvernement et de notre unité».
Lui-même, Christoph Blocher (UDC / droite dure), Micheline Calmy-Rey (socialiste) et Hans-Rudolf Merz (radical / centre droit) ont répété la position du Conseil fédéral en faveur du double accord bilatéral.
Secret bancaire garanti
Le patron de l’économie (DFE) insiste sur l’importance de ce double accord s’inscrivant dans la voie bilatérale. Une voie qui, à ses yeux, permet à la Suisse de faire valoir ses intérêts avec succès. Joseph Deiss relève plusieurs avantages économiques qui résulteront de ces nouveaux accords bilatéraux.
La mise en oeuvre d’une politique commune des visas notamment est, de l’avis le ministre de l’Economie, d’un «intérêt vital» pour la branche touristique.
Chef du Département fédéral des Finances (DFF), Hans-Rudolf Merz met lui en avant le caractère particulier de la frontière suisse dans Schengen où des gardes-frontière continueront d’effectuer des contrôles.
Qui plus est, le radical rappelle que Schengen permettra d’inscrire dans un traité international la garantie du secret bancaire en matière d’impôts directs.
Schengen/Dublin ne limitent ni la souveraineté de la Suisse, ni les droits populaires, assure de son côté la ministre des Affaires étrangères (DFAE). Micheline Calmy-Rey relève du reste qu’une participation à ce double accord d’association ne préjuge nullement des futures décisions en matière de politique européenne.
Pour la ministre, «c’est un accord pragmatique qui défend les intérêts de la Suisse, ni plus ni moins». Et contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs, «Schengen/Dublin n’est pas un camp d’entraînement pour l’entrée dans l’Union européenne».
Cantons en appui
Les représentants du gouvernement ont aussi tenté de contrer les arguments des opposants. Ni le nom de l’UDC, ni le scepticisme de son ancien chef de file Christoph Blocher, n’ont été évoqués.
Le ministre de la Justice s’est d’ailleurs gardé d’exprimer son opinion, exposant les modalités de coopération et les effets pratiques de l’accord. A la question de savoir si le volet Schengen allait renforcer la sécurité en Suisse, il s’est borné à citer l’avis du Conseil fédéral.
Les cantons avaient également été appelés en appui jeudi, manifestant eux aussi leur soutien à Schengen/Dublin par la voix du conseiller d’Etat Markus Notter, président de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police.
Le Zurichois insiste sur la nécessité de renforcer et d’améliorer la coopération internationale en matière de lutte contre la criminalité. Ce que permettent justement Schengen/Dublin sans remettre en question la haute main des cantons sur les tâches de police.
Sécurité et asile
Pour rappel, l’accord de Schengen vise à assurer la liberté de mouvement des citoyens et à faciliter la circulation transfrontalière par la suppression des contrôles systématiques des passeports aux frontières intérieures de l’Espace Schengen.
L’accord cherche aussi à améliorer la lutte contre la criminalité. Il offre de nouveaux instruments de coopération entre les polices ou entre les autorités judiciaires des Etats parties prenantes.
Le système Dublin quant à lui est focalisé sur la lutte contre les abus en matière d’asile. Il institue une coopération à l’échelle européenne. Une coopération censée contribuer à éviter les demandes d’asile multiples. Et, de ce fait, supposée alléger les systèmes d’asile en place en Suisse notamment.
swissinfo et les agences
Le peuple suisse votera le 5 juin prochain sur le double accord de Schengen/Dublin avec l’Union européenne
Explication: les opposants au double accord – menés par l’Union démocratique du centre (UDC) – ont déposé fin mars un référendum muni de 86’000 signatures
– L’adhésion à Schengen/Dublin fait partie du second paquet de huit accords bilatéraux négociés entre la Suisse et l’Union européenne.
– L’accord de Schengen prévoit une collaboration entre les Etats dans les domaines de la justice et de la police, notamment pour la lutte contre le crime organisé et les trafics d’armes et de drogue.
– L’accord de Dublin prévoit également une collaboration entre Etats, dans le domaine de l’asile. Il s’agit notamment d’éviter qu’un requérant débouté dans un pays puisse présenter une demande dans un autre pays.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.