Les douaniers suisses sur le qui-vive
En prévision du sommet du G8 à Evian, la Suisse renforce très sérieusement les contrôles à ses frontières. Sans pour autant dresser des barrages.
Dès jeudi, les fouilles seront approfondies et les «casseurs» interdits d’entrée.
«Il n’est pas question de murer la Suisse!», lance à swissinfo le commandant-adjoint du corps 3 des gardes-frontière, le lieutenant-colonel Alain Brenneisen.
Cela dit, quelques précautions seront tout de même prises afin de dissuader au maximum les indésirables.
«A toutes les frontières, ajoute le lieutenant-colonel, bagages et véhicules seront contrôlés de manière plus systématique qu’à l’accoutumée.» Des mesures exceptionnelles qui doivent durer jusqu’au 4 juin.
La sécurité du personnel des douanes sera assurée par une centaine de soldats.
«Des soldats qui, ajoute le lieutenant-colonel, n’auront aucun contact direct avec la population.»
Une liste européenne de 300 suspects
«Ce renforcement des contrôles douaniers nous permettra d’identifier les casseurs potentiels, explique le commandant-adjoint des gardes-frontière.»
«Mais, souligne aussitôt Alain Brenneisen, en aucun cas, il n’y aura de ‘délit de sale gueule.»
Pour être concret, seules les personnes en possession d’objets susceptibles d’être utilisés comme une arme seront refoulées.
Par ailleurs, ajoute Daniel Dauwalder, porte-parole à l’Office fédéral de la police, «300 individus considérés comme violents et figurant sur une liste établie par les polices européennes seront refoulés.»
«Cette mesure est tout à fait normale et légale», précise Daniel Dauwalder.
Et de rappeler qu’elle est systématiquement prise, notamment au moment du Word Economic Forum (WEF) et lors d’importantes réunions internationales.
Cela dit, ajoute Daniel Dauwalder, ce genre de mesure ne peut pas être prolongée au-delà de quinze jours.
Des contrôles effectués côté italien
Bien entendu, ce renforcement des contrôles risque de provoquer des files d’attente aux postes frontière.
Alain Brenneisen n’exclut pas quelques bouchons. Notamment à Genève, où les petites routes seront bouclées durant cette période.
Pour pouvoir identifier les casseurs avant leur entrée en Suisse, les douaniers valaisans effectueront les contrôles des automobiles à l’entrée du tunnel du Grand-St-Bernard… côté italien.
Les passagers des trains, eux aussi, seront sous haute surveillance. «Ils seront exceptionnellement contrôlés, avant leur entrée en Suisse, à la gare de Domodossola», explique Renato Kalbermatten.
D’habitude, rappelle le porte-parole de la Police cantonale valaisanne, les contrôles se font lorsque le train est déjà sur sol helvétique.
10 000 hommes sur pied de guerre
A l’évidence, la Suisse et la France ne veulent prendre aucun risque. Pour prévenir toute mauvaise surprise lors des manifestations de protestation prévues en marge du sommet du G8 d’Evian, les deux pays sont d’ores et déjà sur pied de guerre.
Les polices cantonales de Vaud, de Genève et du Valais ont mobilisé 2000 hommes. Auxquels s’ajoutent 800 policiers venus des autres cantons et plus de 700 spécialistes anti-émeutes prêtés, pour l’occasion, par l’Allemagne.
D’ailleurs, mercredi, le gouvernement a approuvé la décision prise jeudi par sa délégation pour la sécurité. Il a formellement accepté de recourir à des policiers allemands pour assurer la sécurité à Genève durant le sommet du G8.
De son côté, l’armée a mobilisé 5600 soldats. En tout, une dizaine de milliers d’hommes devraient donc garantir la sécurité du G8 du côté suisse. Et 18 000 autres du côté français.
swissinfo et les agences
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