Les limites de la lutte contre le terrorisme
La Suisse participe activement à la lutte contre le terrorisme. Pour autant, elle estime que cette guerre ne doit pas se faire à n'importe quel prix.
«Nous ne sommes pas des sociétés fondées sur la vengeance, mais sur l’état de Droit», déclare à Washington Christian Blickenstorfer.
L’ambassadeur de Suisse a participé, mercredi, à un forum organisé par le Club National de la Presse et intitulé : «Est-il acceptable de traquer les terroristes à tout prix ?»
Faisant écho aux propos tenus à Berne par John Ashcroft, le ministre américain de la justice, l’ambassadeur qualifie de «très bonne» la coopération entre la Suisse et les Etats-Unis en matière de lutte antiterroriste.
Le bémol du CICR
Christian Blickenstorfer souligne que, depuis les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center et le Pentagone, «les discussions sont plus intensives encore sur les moyens d’approfondir» la collaboration entre les deux pays.
Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) participait aussi au forum. Selon Urs Boegli, le directeur de la délégation du CICR pour l’Amérique du Nord, John Ashcroft est l’une des voix importantes au sein de l’administration Bush qui prône la négociation d’une nouvelle convention de Genève. Et cela dans un contexte de guerre contre le terrorisme.
Mais, petit bémol, Urs Boegli rejette l’idée d’une nouvelle convention. «Les conventions signées en 1949 et amendées en 1977 demeurent tout à fait pertinentes», estime en effet le représentant du CICR.
Selon Urs Boegli «une nouvelle convention ne se justifie pas, mais par contre, nous devons insister pour que les conventions existantes soient appliquées».
Respecter les conventions de Genève
De son côté, Christian Blickenstorfer indique que le gouvernement suisse, en tant que dépositaire des conventions de Genève, a déjà signalé son désir de discuter «des développements ultérieurs du droit humanitaire».
L’ambassadeur se dit «tout à fait optimiste» de voir les Etats-Unis participer à de telles discussions.
En attendant, Christian Blickenstorfer appelle le gouvernement américain à observer les conventions de Genève en leur état actuel.
L’ambassadeur concède que «les démocraties doivent agir avec fermeté quand elles sont menacées par le terrorisme».
Mais, dit-il, «le combat contre le terrorisme ne pourra être victorieux que s’il est mené dans le respect des valeurs que la Suisse et les Etats-Unis partagent, et donc, il faut que des pays comme les Etats-Unis agissent de façon exemplaire».
Depuis le 11 septembre, l’administration Bush est souvent accusée, aux Etats-Unis ainsi que dans les pays européens, de sacrifier le respect des droits de l’homme sur l’autel du combat contre les membres présumés d’Al-Qaïda.
Dernier incident en date: sa décision, annoncée lundi, de ne pas inculper José Padilla – alias Abdallah el-Mouhajir – devant un tribunal civil et de confier le suspect à l’armée. Une décision qui soulève le tollé des organisations humanitaires.
Pour sa part, Urs Boegli indique que le CICR n’est pas encore en contact avec le terroriste présumé.
Mais le représentant du CICR ajoute que son organisation s’attend, comme dans le cas des prisonniers de guerre détenus sur la base américaine de Guantanamo, à ce que les autorités américaines lui accordent le droit de visite à José Padilla.
swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington
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