Les skieurs suisses bredouilles à Bormio
Les Championnats du monde de ski alpin de Bormio se terminent sans la moindre médaille suisse. Ce n’était plus arrivé depuis 1966.
Une débâcle qui «couronne» une saison plus que médiocre et traduit bien la crise que traverse le ski alpin helvétique.
Au terme de deux semaines de compétitions, l’Allemagne et la France ont sauvé leur honneur dimanche en enlevant leur unique médaille lors de la Coupe des nations, épreuve par équipes organisée pour la première fois dans le cadre des Mondiaux.
Les Allemands se sont imposés avec 26 points, devant les Autrichiens (29) et les Français (38). La Suisse a fait à nouveau pâle figure et a dû se contenter du sixième rang, avec 46 points.
Seule Sonja Nef a relevé la tête après ses éliminations tant en géant qu’en slalom. Elle a signé le meilleur temps de sa série dans cette ultime épreuve.
«J’ai réussi une belle performance, qui a permis à l’équipe de Suisse de revenir dans la compétition. C’est bon pour mon égo», a declaré l’Appenzelloise. Les autres Helvètes ne sont même pas montés sur le podium de leur série.
La debâcle
Une fin sans happy end donc pour les Suisses, qui n’avaient plus connu pareille débâcle depuis 39 ans. A l’époque, la Coupe du Monde n’existait pas encore et ces Mondiaux chiliens de Portillo 1966 ne comptaient que six courses et un combiné. Alors qu’à Bormio, il y aurait eu possibilité de décrocher des médailles dans 11 épreuves.
Au lieu de cela, les Suisses devront se contenter, comme meilleurs résultats, des cinquièmes places de Bruno Kernen en descente et de Silvan Zurbriggen en combiné. Chez les dames, le meilleur classement est la huitième place de Nadia Styger en super-G.
«Ces résultats reflètent les performances de l’équipe dans cette saison de Coupe du Monde», a relevé l’ancien champion Bernhard Russi dimanche sur les ondes de la télévision alémanique SF-DRS.
Depuis le début de l’hiver en effet, les Suisses courent après les places d’honneur dans toutes les disciplines et leurs places sur le podium se comptent sur les doigts d’une main. Et de victoire, aucune.
Autant dire que l’absence à Bormio de Didier Cuche, blessé, n’explique de loin pas tout…
Les héros
Cinq sur cinq en revanche pour Benjamin Raich! L’Autrichien, qui a pris dimanche le départ de la Coupe des nations à la fois en super-G et en slalom, est monté sur le podium à chaque fois qu’il s’est aligné dans ces Mondiaux.
Double champion du monde (combiné et slalom), il a également enlevé deux médailles d’argent (géant et Coupe des nations) et une de bronze (super-G).
L’Autrichien (27 ans) a ainsi rejoint dans la légende le Norvégien Lasse Kjus, qui avait terminé sur tous les podiums en 1999, lors des Mondiaux de Vail: «Je ne réalise pas encore vraiment que j’ai écrit l’Histoire du ski alpin durant ces deux semaines», a déclaré «Benni».
Autres grandes figures des ces deux semaines italiennes, la Croate Janica Kostelic, qui rafle trois médailles d’or et l’Américain Bode Miller, qui après avoir dominé la saison de Coupe du Monde s’en adjuge «seulement» deux.
swissinfo et les agences
Le tableau des médailles de Bormio:
Autriche: 3 or, 4 argent, 4 bronze.
Croatie: 3 or.
Etats-Unis: 2 or, 1 argent, 3 bronze.
Suède: 2 or, 1 argent.
Allemagne: 1 or.
Italie: 2 argent, 2 bronze.
Finlande: 2 argent.
Norvège: 1 argent.
République tchèque: 1 bronze.
France: 1 bronze.
– Aucune médaille dans un rendez-vous planétaire, soit Championnats du Monde (CM) ou Jeux Olympiques (JO), cela n’est arrivé que quatre fois au ski alpin suisse.
– Les skieurs helvétiques sont en effet rentrés bredouilles successivement des CM de Chamonix en 62, des JO d’Innsbrück en 64 et des CM de Portillo en 1966.
– Plus loin dans l’histoire, ils l’avaient été également aux JO d’Oslo en 52.
– Par opposition, la décennie 80 a vraiment été l’âge d’or du ski suisse: 3 médailles aux JO de Lake Placid en 1980, 5 aux CM de Schladming en 82, 4 aux JO de Sarajevo en 84, 8 aux CM de Bormio en 85, 11 aux JO de Calgary en 88 et 11 à nouveau aux CM de Vail en 89.
– Le sommet est atteint aux CM de Crans-Montana en 1987, avec 14 médailles, dont 8 d’or. La Suisse dispose alors d’une véritable «dream team», où Pirmin Zurbriggen rafle notamment 4 médailles, Maria Walliser 3, Erika Hess et Michela Figini 2 chacune.
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