Les Suisses, champions du monde du train
Les Suisses sont les passagers de train les plus assidus du monde. Ils parcourent le plus grand nombre de kilomètres par habitant. Et pour le nombre de trajets, seuls les Japonais en font plus.
Les Chemins de fer suisses ont longtemps vanté leurs mérites avec un slogan qui disait: «Les gens malins prennent le train» («Der Kluge reist im Zuge»). Cela a-t-il suffi à faire que les Helvètes préfèrent le train à la voiture? Pas certain, mais leur enthousiasme pour les transports publics ne semble néanmoins connaître aucune faille.
C’est ce que révèle, année après année, la statistique de l’Union internationale des chemins de fer (UIC).
Selon les chiffres de 2008, les habitants de Suisse ont pris le train en moyenne 50 fois en une année (47 en 2007), ce qui est le record européen. Ce niveau n’avait encore jamais été atteint.
Les Luxembourgeois arrivent en deuxième position avec 36 trajets, tandis que les Lituaniens ferment la marche avec… un seul trajet en train. Seuls les Japonais font mieux que les Suisses: ils affichent 71 voyages en train par année.
Fiables et ponctuels
En revanche, si l’on considère le nombre de kilomètres parcourus, les Helvètes ont remporté la palme mondiale: chaque habitant parcourt 2422 kilomètres sur les voies ferrés, soit 412 de plus que leurs rivaux directs, les Japonais. Et la Suisse a même creusé l’écart ces dernières années.
Selon le LITRA, le Service d’information sur les transports publics, ce résultat est dû à une offre attractive avec des horaires cadencés permettant de prendre des correspondances, à la fiabilité, la ponctualité, à un personnel motivé, à la modernité du matériel roulant et à un système tarifaire unifié.
Fiers de ce classement
En bref: en Suisse, prendre le train est simple, confortable et bon marché si l’on a un abonnement demi-tarif ou un abonnement général. Sur certaines lignes comme entre Berne, Bâle et Zurich, on compte même deux trains par heure.
Les CFF sont bien évidemment fiers de ces résultats dans les classements internationaux. Les entreprises étrangères viennent régulièrement se renseigner sur le pourquoi de l’efficacité helvète, explique le porte-parole Reto Kormann.
Revers de la médaille: le succès place les CFF à la limite de leurs capacités. Aux heures de pointe particulièrement, la compagnie n’est plus en mesure d’offrir le service et le confort habituels. Sur plusieurs tronçons, les passagers ne trouvent pas de place assise, même lorsque des trains à deux étages complètent les convois.
«Le train est victime de son succès», confirme Kurt Schreiber, vice-président de Pro Train, l’association de défense des intérêts des usagers des transports publics. Le réseau doit absolument être agrandi, selon lui. Sinon, les clients changeront de moyen de transport.
«A la longue, si je ne trouve jamais de place assise le matin, je vais finir par préférer ma voiture où je peux m’asseoir et écouter Mozart, et je supporterai même quelques bouchons», ajoute le vice-président.
Crédits encore manquants
Les CFF sont conscients du danger: le projet «Rail 2030» devrait permettre d’augmenter les capacités et de résorber les goulets d’étranglement comme entre Lausanne et Genève. Le Parlement doit cependant encore se prononcer sur les crédits nécessaires.
En attendant, les CFF essayent de prendre des mesures pour «presser le citron encore un peu plus», lâche Reto Kormann. Les clients sont ainsi encouragés à prendre le train en dehors des heures de pointe. A ces heures-là, ils trouveront des places assises…
Gerhard Lob, swissinfo.ch
(Traduction et adaptation de l’allemand: Ariane Gigon)
Année de création: 1902
Passagers par année (2008): 322,6 millions (2007: 306,7 mios)
Longueur du réseau: 3011km
Nombre de gares: 760
2008: 2,2 millions de d’abonnements demi-tarif et 375’000 abonnements généraux.
Ponctualité dans le transport des personnes: 95,8% (arrivée au lieu de destination avec moins de 5 minutes de retard)
Densité de trains en 2008: 93,7 trains par jour et par km de voie ferrée.
Les statistiques des kilomètres parcourus ne couvrent que les compagnies membres de l’Union internationale des chemins de fer (UIC).
Ce sont en général les compagnies nationales ou étatiques.
Pour la Suisse, seuls les CFF (Chemins de fer fédéraux) et la compagnie BLS (Berne-Lötschberg-Simplon), en font partie.
Les compagnies privées ne sont pas comptabilisées.
Le même réseau ferré est utilisé pour les personnes et pour les marchandises.
Avec ses fréquences élevées, le réseau est à la limite de ses capacités, entre les grands centres urbains spécialement.
Dans les grandes agglomérations, le nombre de trains circulant aujourd’hui ne laisserait la place à aucun convoi supplémentaire.
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