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Lili Nabholz victime du lobby flamand

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Au Conseil de l'Europe, le rapport de la Suissesse Lili Nabholz sur les minorités linguistiques en Belgique a été renvoyé en commission sans discussion.

Il n’est pas habituel, à l’Assemblée de Strasbourg, d’empêcher un débat d’avoir lieu. Lili Nabholz n’en revient pas.

Le rapport de la députée radicale zurichoise sur les minorités en Belgique a été renvoyé en commission, mercredi, par 35 voix contre 26. Avant même que le débat ne commence.

«C’est triste de vouloir bloquer un débat, parce qu’on s’oppose au contenu du rapport», commente l’avocate zurichoise. «La question des minorités ne concerne pas seulement la Belgique», souligne Lili Nabholz.

Secret bien gardé

Le renvoi a été proposé par un député membre du PPE (démocrates-chrétiens). Le secret avait été bien gardé. En effet, la veille, la Commission juridique des droits de l’homme avait rejeté tous les amendements qui avaient été déposés pour modifier le rapport de la Suissesse. Et avait accepté le rapport.

Les députés pensaient donc que le rapport allait franchir sans grande difficulté le cap de l’Assemblée. Ils ne se pressaient pas pour rejoindre leur place. Pensant qu’ils arriveraient à temps pour le vote, après le débat.

La surprise a donc été totale. «Personne , hier soir, n’a fait allusion à un éventuel renvoi», s’étonne Lili Nabholz.

La question des minorités est un dossier sensible en Belgique. Un dossier qu’à Strasbourg, on confie volontiers à un Suisse. Les Suisses passant pour être des spécialistes des minorités. Le précédent rapporteur, Dumeni Columberg, avait échoué dans sa mission. Son rapport avait soulevé l’ire des Belges.

Dossier très sensible

Consciente de la difficulté de sa tâche, Lili Nabholz s’est efforcée d’aborder sa mission de façon «neutre», avec diplomatie. «J’ai essayé de faire de mon mieux , explique l’avocate, et de faire appliquer les principes définis par le Conseil de l’Europe». Et d’ajouter: «la question est encore plus sensible que je ne le pensais».

Le renvoi est dû à un intense lobbying des Flamands auprès des députés. Dans son rapport, Lili Nabholz estime en effet que les minorités existent en Belgique et que l’Etat doit les protéger. Elle souligne, en particulier, que les francophones peuvent être considérés comme une minorité en Flandre.

Les francophones sont ravis. Mais les Flamands n’ont pas caché leur colère. Pour eux, il n’y a aucune minorité dans leur région. Et il n’est pas question d’élargir les droits des francophones en Flandre.

«Aucune position intermédiaire n’est possible, s’exclame la députée suisse, soit on reconnaît l’existence d’une minorité, soit on la nie!» Lili Nabholz estime donc avoir rédigé un rapport objectif. Aucun compromis, à son avis, n’est possible.

swissinfo/Barbara Speziali à Bruxelles

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