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Pneumonie atypique, la Suisse persiste et signe

Humiliés, les Hongkongais ont quitté la foire de l'horlogerie. Keystone

Hong-Kong est en colère. Sa délégation a plié bagages. Les autres exposants asiatiques essayent de sauver leur mise.

La Suisse persiste à interdire l’accès aux stands du Salon de l’horlogerie et de la bijouterie aux collaborateurs venant de Hong-Kong, de Chine et de Singapour.

Face au risque de contagion par la pneumonie atypique, le gouvernement suisse reste donc intraitable.

Pas question de lever la mesure, annoncée mardi soir, qui frappe le personnel des exposants de Chine, de Hong-Kong, de Singapour et du Vietnam.

En charge du dossier, le directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ne voit aucune raison de changer de cap.

«Du point de vue de la santé publique, précise Thomas Zeltner, cette mesure est judicieuse et nécessaire.»

Certes une alternative à l’interdiction pure et simple existe. Mais l’intéressé n’y croit pas.

Il s’agirait, en l’occurrence, de contraindre les employés des stands asiatiques à un contrôle médical quotidien et au port de masques de protection.

La direction du salon se résigne

Mais, pour être acceptée par l’OFSP, cette solution exigerait que la direction du salon s’y résigne. Et ensuite qu’elle obtienne l’aval des cantons de Bâle et Zurich où se trouvent les halles d’expositions.

Or, les responsables du Salon mondial de l’horlogerie jugent cette alternative inapplicable.

D’autant que les 3 000 personnes concernées devraient, en plus, nettoyer leurs locaux toutes les heures, se laver les mains après chaque contact et désinfecter chaque montre et chaque bijou manipulé.

La mission relève de l’impossible. La direction du salon a donc préféré s’en tenir à l’interdiction pure et simple décidée par le gouvernement suisse.

Hong-Kong plie bagages

Les exposants concernés – et plus particulièrement ceux de Hong Kong – ne décolèrent pas.

Au point que les horlogers et les bijoutiers hongkongais – qui réalisent entre 20 et 30% de leur chiffre d’affaires au salon – ont décidé de claquer la porte.

Le sous-directeur du ‘Hong Kong Trade Development Council’ (HKTDC) juge la décision suisse totalement inacceptable.

«Nous ne sommes clairement pas les bienvenus, regrette Fred Lam. Alors que les hommes d’affaires suisses, eux, sont bien accueillis chez nous.»

Menaces à peine voilées

De son côté, le secrétaire au commerce de Hong Kong ne cache pas sa colère contre les mesures prises par la Suisse pour juguler l’épidémie de pneumonie atypique.

Dans un communiqué de l’exécutif hongkongais diffusé vendredi, Henry Tang dit «déplorer» la décision du Conseil fédéral.

Il prévient que les relations économiques bilatérales anciennes entre Hong Kong et la Suisse vont en pâtir.

Les autres se débrouillent

Les autres exposants asiatiques n’ont pas l’intention de baisser les bras. S’il ne leur est pas possible de travailler dans les locaux du salon, ils le feront à l’extérieur de ceux-ci, en toute conformité avec la loi.

La plupart des exposants concernés ont donc loué une suite, une chambre ou un simple local pour pouvoir continuer leurs affaires.

«Le plus fou, dit un exposant, c’est que ces gens ont parfaitement le droit de faire des affaires n’importe où, à titre privé, mais qu’on le leur refuse au salon.»

Et d’ajouter: «Si on avait voulu prendre une décision plus stupide, on n’aurait pas pu».

Les Asiatiques exclus des halles zurichoises du salon, les autres exposants restent.

«Nous allons prêcher dans le désert, dit l’un d’entre eux. C’est une violation de notre contrat et nous ne nous laisserons pas faire.»

swissinfo, les agences et Eric Othenin Girard à Bâle

– La Suisse a interdit l’accès aux stands du salon de l’horlogerie et de la bijouterie aux collaborateurs de plusieurs pays asiatiques.

– Une alternative n’est pas envisageable.

– Il s’agirait de contraindre les employés des stands asiatiques à un contrôle médical quotidien et au port de masques de protection.

– Les autorités considèrent que cette mesure est judicieuse et nécessaire du point de vue de la santé publique.

Le gouvernement suisse persiste à interdire l’accès au Salon aux collaborateurs de plusieurs pays d’Asie.
La délégation de Hong-Kong claque la porte.
Les autres font leurs affaires à l’extérieur des murs du Salon mondial de l’horlogerie.

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