Pour en finir avec les exportations d’armes
Un groupement de pacifistes a lancé officiellement vendredi à Berne une initiative qui demande l'interdiction de toute exportation de matériel de guerre.
Les promoteurs de ce texte se disent confiants, malgré l’échec en votation populaire d’une initiative similaire il y a neuf ans.
La Suisse doit mettre à disposition du monde ses compétences pour la paix et non pour la guerre, explique Josef Lang, membre du comité directeur du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), auteur de cette initiative.
Les initiants, qui présentaient leur texte vendredi, ont le sentiment que la perception de la population par rapport au matériel de guerre a changé depuis quelques années. Et que sa volonté de paix s’est accrue.
A leurs yeux, la vague anti-guerre en Irak, l’attitude ambiguë du gouvernement et le recul de l’importance économique de ce secteur jouent en faveur du texte.
Josef Lang se déclare donc persuadé que l’initiative va trouver un écho favorable. La grande majorité des Suisses ne veulent pas que du matériel de guerre atterrisse en Irak, estime-t-il par exemple.
Selon le député écologiste zougois, la récolte des 100’000 signatures nécessaires, dont le délai court jusqu’au 27 décembre 2007, marche déjà «très bien».
Irak, Afghanistan, Israël et Cie
Visant à interdire l’exportation et le transit par la Suisse de matériel de guerre, le texte concerne surtout les ventes vers des pays comme l’Irak, l’Afghanistan, Israël, la Turquie et l’Arabie saoudite.
L’initiative est soutenue par une trentaine d’organisations. Et notamment par les Verts, la Jeunesse socialiste suisse et «A Gauche toute!». Elle a également l’appui de l’Alliance des femmes évangéliques et d’organisations comme Terre des hommes.
Du côté des Verts par exemple, le soutien est total. La direction du parti rappelle avoir participé à l’élaboration du projet. Elle collaborera à la récolte de signatures.
Un souci de la base socialiste
Dans le camp socialiste, les délégués du parti réunis en congrès la semaine dernière ont également exprimé leur soutien sans toutefois prendre de responsabilité financière.
L’interdiction d’exporter du matériel de guerre est une revendication traditionnelle des socialistes. Et une absence de soutien ne serait pas comprise de la base, ont constaté divers représentants du principal parti de gauche.
swissinfo et les agences
L’initiative populaire permet à des citoyens de proposer une modification de la Constitution. Pour être valable, elle doit être signée par 100’000 citoyens dans un délai de 18 mois.
Le Parlement peut directement accepter l’initiative. Il peut aussi la refuser ou lui opposer un contre-projet. Dans tous les cas, un vote populaire a lieu.
L’adoption d’une initiative nécessite la majorité du peuple et des 26 cantons et demi-cantons.
– L’initiative lancée par le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) vise le matériel de guerre proprement dit, y compris les technologies pouvant servir à en fabriquer.
– Les simulateurs, les avions d’entraînement comme les Pilatus, les armes de petit calibre et leurs munitions, ainsi que le matériel de guerre obsolète sont aussi visés.
– Les milieux pacifistes et de gauche n’en sont pas à leur coup d’essai dans ce domaine. En 1997, une initiative semblable lancée par le Parti socialiste a été balayée par 77,5% des votants.
– Le montant total des ventes d’armes suisses a atteint près de 258 millions de francs en 2005 (moins de 0,2% de l’ensemble des exportations). Quant à l’industrie militaire helvétique, elle occupe environ un millier de travailleurs.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.