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Tous contre le hooliganisme

Les objets pyrotechniques seront bannis dans tous les stades. Keystone

L’Association suisse de football a mis en place de nouvelles mesures pour accroître la sécurité en combattant le hooliganisme.

Celles-ci ont été testées pour la première fois en fin de semaine dernière, lors de la reprise du championnat de Suisse.

Pour Thomas Helbling, responsable de la sécurité et des supporters de l’Association suisse de football (ASF), c’est une véritable «bataille pour l’âme du football» qui a débuté.

«Nous voulons améliorer la sécurité et éduquer les supporters, explique-t-il. Nous sommes déterminés à éradiquer le problème du hooliganisme.»

Un des changements majeurs est que les clubs seront désormais pénalisés pour les comportements inadéquats de leurs supporters, aussi bien dans leur stade que dans celui de leurs adversaires.

Durant les deux dernières années – et suivant un jugement en faveur du FC Zurich – les clubs n’étaient responsables de leurs supporters que lors des matches à domicile.

Cette impunité relative a permis une recrudescence du hooliganisme et du vandalisme. Ainsi, la saison dernière, des fans du FC Bâle ont causé pour plusieurs dizaines de milliers de francs de dommages lors d’un déplacement de leur équipe à Thoune.

A noter qu’en Suisse, la police reste traditionnellement aux abords des stades et laisse la gestion des supporters à l’intérieur aux staffs de sécurité des équipes locales.

Action disciplinaire

Désormais, les clubs dont les supporters outrepassent les limites s’exposent à de lourdes sanctions. Ils devront par exemple jouer des rencontres à huis-clos ou perdront des points sur le tapis vert.

Les diverses directives édictées permettent à la Suisse de s’aligner sur celles de l’Union européenne de football (UEFA) qui régit ce sport au niveau du Vieux Continent.

Thomas Helbling précise que ces adaptations n’interviennent pas de façon trop tardive au niveau suisse: «Dans notre pays, argumente-t-il, les comportements déviants des supporters se sont développés bien plus lentement qu’en Angleterre, en Hollande ou en Allemagne.»

«Mais nous sommes obligés de reconnaître qu’aujourd’hui les stades de football sont également devenus des lieux où il est possible d’avoir des comportements inadéquats sans grands risques de punition.»

Des perturbations

Les clubs ne seront par contre pas tenus pour responsables de ce qui se passe en dehors des stades. Cela reste du ressort de la police.

L’Office fédéral de la police a d’ailleurs déjà indiqué qu’elle allait tout faire pour limiter les activités des fauteurs de troubles avant l’échéance de l’Euro 2008 de football qui se déroulera conjointement en Suisse et en Autriche.

Le Parlement devra également discuter plusieurs mesures telles que la création d’une base de donnée des voyous déjà connus, l’utilisation de la détention préventive et l’introduction de l’interdiction de voyage et de stade pour certaines personnes.

L’ASF, qui soutient ces propositions estime en effet que l’absence d’une base de données rend difficile l’identification et l’établissement de poursuites contre les fauteurs de troubles.

Une autre étape importante du processus est l’apparition d’un certain nombre de règles similaires pour tous les clubs concernant l’accès aux stades et les objets interdits.

La liste comprend notamment les couteaux, les battes de base-ball, les poings américains, les fusées et les feux d’artifices.

Les clubs et les supporters

Afin d’être sûr que le message transite jusqu’aux supporters, les clubs ont reçu l’ordre de nommer un agent de liaison supposé agir comme intermédiaire.

«Nous avons désormais les mêmes standards partout en Suisse. C’est très important pour les supporters, assure Thomas Helbling. Ils savent désormais exactement à quoi s’attendre lorsqu’ils pénètrent dans un stade, que ce soit à Saint-Gall, Berne ou Neuchâtel.»

La liste détaillée des mesures à prendre a été envoyée à tous les clubs et l’ASF a décidé d’augmenter le nombre d’inspections.

Pour Terence Wilsher, chef de la sécurité du club de Neuchâtel Xamax, des mesures uniformes auraient déjà dû voir le jour il y a bien longtemps. Il salue cependant le pas fait vers un plus grand professionnalisme dans le secteur de la sécurité.

«La question de la sécurité s’est dégradée au point d’être un réel problème aujourd’hui, explique-t-il. Il y a rarement un match sans débordements.»

la responsabilité des supporters

Pour le chef de la sécurité du club de Neuchâtel, c’est désormais aux clubs d’établir un rapport de confiance avec leurs supporters et de les mettre au courant des conséquences de leurs actions.

Mais Terence Wilsher reste convaincu que les clubs ne pourront pas éradiquer, seuls, le hooliganisme.

«Au vu de la situation actuelle, nous n’allons pas y arriver, regrette-t-il. La seule possibilité de faire bouger les choses est de créer les conditions-cadre permettant à la justice de se montrer plus dure. Pour l’instant, elle est trop molle.»

Thomas Helbling ne s’attend pas à un changement de mentalité radical à court terme.

«Nous prenons nos premières mesures et nous ne sommes pas allés trop loin, conclut-il. Mais nous devons absolument investir dans la sécurité, car si nous ne le faisons pas, le football va perdre son âme et le 95% des supporters ‘normaux’ cesseront de venir au match.»

swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction et adaptation: Mathias Froidevaux)

Selon la police, il y aurait entre 300 et 400 hooligans dans le monde du football en Suisse.
Les autorités craignent que les mouvements d’extrême droite tentent de recruter de nouveaux membres parmi les supporters «violents»
En 2003, un rapport sur la sécurité intérieure a mis en évidence une augmentation des attaques de supporters et des forces de l’ordre de la part de skinheads et de hooligans.

– L’Association suisse de football pris des mesures afin de minimiser au maximum les risques de matches truqués en ne désignant que tardivement les noms des arbitres qui officieront lors des rencontres.

– Cette mesure a été prise suite à l’énorme scandale qui a secoué le football allemand.

– L’ASF indique que les arbitres ont également accepté de signer un code de conduite dans lequel il promette de se montrer honnêtes et loyaux.

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